Entre les coupes progressives et le jardinage par trouées : le cas des coupes progressives irrégulières

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Le grand tournant dans l’histoire de la sylviculture se situe vers 1880, à l’époque où se développe l’idée d’une sylviculture proche de la nature. Elle se fonde principalement sur la régénération naturelle des forêts, et la création de peuplements mélangés. Dès les premières décennies du siècle dernier, l’idée va conduire, dans les pays alpins germanophones, à l’essor de méthodes de régénération en coupes progressives (« Schirmhieb ») de différentes factures (Schütz 1997).

Quasiment à la même époque, s’amplifie le concept du jardinage2 se situant dans le même esprit. Même si actuellement, certains tentent de l’opposer au régime de la coupe progressive; ils ont tort! L’un et l’autre régime poursuivt le même but : générer des peuplements mélangés et différenciés (Schütz 1997). Lorsque l’on entrevoit de recommander le mélange des essences en tant que principe de sylviculture, seule l’approche synécologique est concevable. La seule transposition des connaissances dérivées de l’observation de collectifs purs est boiteuse (Schütz 1997). Le fondement du mélange des essences le plus fin envisageable a été distinctement postulé depuis Gayer (1886) et réalisé dès lors avec plus ou moins de conviction, de persévérance et de résultat positif, dans les régions périalpines de la Bavière, du Bade-Wurtemberg et de la Suisse (Schütz 1997). Kramer et al. (1988) ont proposé un excellent résumé des recherches à propos des peuplements mélangés. Suivant Schütz (1997), il n’est pas aisé de tirer des conclusions qui soient généralisables à propos de la gestion des forêts mélangées. Ce qui est identique d’une région à l’autre est que, plus que la gestion des futaies régulières ou monospécifiques, les mélanges demandent une attention et un suivi cultural plus élevé et en conséquence plus onéreux.

La sylviculture régulière classique, développée en Europe depuis plus de deux siècles et fondée sur la sélection constante des peuplements, pendant toute la durée de leur révolution, a conduit notamment aux chênaies régulières remarquables (Réno-Valdieu, Tronçais, Bellême, etc.) dont les forestiers français extraient encore actuellement des bois de choix : tranchages, merrains (bois de futailles) et sciages. Ainsi, les techniques d’éclaircie s’appliquent à réaliser graduellement, au sein des peuplements issus de régénération naturelle : un dosage d’essences en faveur des espèces principales objectif, une sélection massale au sein de ces espèces et un espacement progressif des tiges organisant la croissance en diamètre. Elles ont fait leurs preuves et ne sont nullement remises en cause.