Potentiel d’application du chitosane comme facteur biologique de croissance et antifongique en pépinière. CERFO. Rapport 2004-08. 19 p.

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Plusieurs études ont déjà été réalisées sur l’application du chitosane et de ses dérivés en milieu agricole, essentiellement sur des cultures maraîchères (Blouin et al., 2002). Il a été prouvé que le chitosane peut induire la croissance racinaire et aérienne, et qu’il diminue également les risques d’infestation de champignons. Le chitosane peut même induire des réactions de défense chez les plants d’épinette noire contre un champignon pathogène de pourriture racinaire : Cylindrocladuim floridanum (Laflamme, 2000). De plus, l’application de chitosane sur des plants d’épinette blanche en Gaspésie a eu pour effet de créer des plants plus robustes, c’est-à-dire légèrement moins hauts et plus gros (Patry et al., 2003).

Or, ce champignon pathogène cause des dommages dans les productions d’épinettes à forte dimension produites en récipients à la Pépinière de Grandes-Piles. L’application du chitosane pourrait donc réduire les pertes causées par cette pourriture racinaire. À la Pépinière de Grandes-Piles, les plants à forte dimension d’épinettes noire et rouge sont fréquemment trop hauts pour leur diamètre et ils souffrent d’insuffisance racinaire. Ils ne sont donc pas assez robustes pour rencontrer les meilleures catégories de qualité pour la production de ces plants. Le chitosane pourrait induire une meilleure croissance racinaire et en diamètre, aux dépends de la croissance en hauteur, et ainsi créer des plants plus robustes.

Des dispositifs en blocs complets ont été installés au printemps 2003 dans des îlots de 2e année de croissance de productions de plants à forte dimension en récipients 25-350-A pour l’épinette rouge (6 blocs), l’épinette noire (2 blocs) et l’épinette de Norvège (4 blocs). Les applications d’eau (témoin) et de chitosane (traitements A et B) ont été planifiées de façon à obtenir la plus grande concentration possible de chitosane par cavité (125 ppm ou 1,725 ml par arrosage) dans un contexte opérationnel. Les traitements témoins et A (8 applications aux 2 semaines, total de 1000 ppm) ont été appliqués sur les trois essences. Seule l’épinette rouge a reçu le traitement B qui consiste en un passage double du tracteur (2 x 125 ppm) lors des trois arrosages après l’aoûtement (total de 1375 ppm). Des mesures de suivi ont été effectuées sur la mortalité, la hauteur, le diamètre, la masse sèche et la concentration en azote totale des plants.

L’application de chitosane tend à réduire la mortalité causée par la pourriture racinaire sur l’épinette noire, mais n’a pas permis de l’éliminer complètement. Les effets significatifs de l’application du chitosane ont été de réduire légèrement (de 1,2 à 2 cm) l’accroissement en hauteur de l’épinette rouge et d’augmenter (0,35 mm) le diamètre final de l’épinette de Norvège. De plus, le chitosane aurait tendance à augmenter (3,8 cm) l’accroissement en hauteur de l’épinette de Norvège. Néanmoins, ces changements n’ont pas eu d’impacts sur l’évaluation de la qualité des plants. Quant aux masses anhydres et concentrations en azote, elles n’ont pas été affectées de façon significative par l’application de chitosane.

Compte tenu des effets minimes du chitosane sur la croissance des plants d’épinettes en pépinière, des résultats semblables obtenus sur l’épinette blanche en Gaspésie et des coûts associés à son application, il est recommandé de ne pas appliquer de chitosane sur ces productions. Il serait préférable de travailler au développement de meilleurs scénarios de production en ajustant des variables telle que le substrat, la sélection génétique, l’irrigation et la fertilisation. Il n’est pas impossible que le chitosane puisse avoir des effets bénéfiques sur des plants forestiers, mais il faudrait d’abord développer une meilleure connaissance du processus d’absorption du chitosane par les arbres et de leur utilisation (métabolisme).