Augmentation des connaissances sur la pourvoirie du lac Oscar et mise en application de pratiques sylvicoles non conventionnelles. CERFO. Rapport 2004-05.

La planification et la réalisation des travaux de récolte forestière sur les terres du domaine public sont réalisées au Québec à grande échelle. Ce cadre d’opération fortement axé sur la récolte de la matière ligneuse favorise l’optimisation des coûts, et ne tient pas toujours compte des valeurs des autres intervenants et de toutes les ressources du milieu forestier (forêt, mais aussi faune, récréation, etc.). Les méthodes actuelles d’exploitation forestière (dimension et forme des coupes, gestion des déchets de coupe, etc.) conviennent donc peu à une pourvoirie à droits exclusifs, qui désire optimiser toutes les ressources de son territoire et maintenir la capacité de celui-ci à supporter des activités récréotouristiques de qualité.

Face à ce constat, la pourvoirie du Lac Oscar a multiplié depuis plus de cinq ans maintenant, les initiatives pour en arriver à réaliser une gestion intégrée des ressources de son territoire. Ainsi, le pourvoyeur a tout d’abord coordonné plusieurs projets d’acquisition de connaissances. Depuis 1999, les propriétaires de la pourvoirie gèrent, planifient et réalisent également eux-même une partie des travaux de récolte forestière sur son territoire. Disposant maintenant d’une carte de microzonage de son territoire, le pourvoyeur souhaitait entreprendre des travaux d’aménagement forestier et de récolte ligneuse selon le zonage établi, en répondant à certaines modalités particulières.

Ainsi, ce projet a permis dans un premier temps de développer un nouvel outil permettant une connaissance forestière plus fine du territoire, et mieux adapté dans un contexte de microforesterie. Il s’agit d’une bonification de la carte écoforestière du 3ième inventaire décennal MRNFP, à partir d’une photo-interprétation plus fine du territoire. Cet outil a permis également de valider l’utilisation de nouveaux paramètres qui se sont avérés très utiles pour la réalisation de prescriptions sylvicoles fines. Cet outil, très rarement disponible au Québec, mériterait d’être développé pour d’autres territoires qui exigent une cartographie du territoire forestier plus fine que celle fournie par le MRNFP, pour faire une foresterie plus adaptée aux objectifs fixés (en particulier lorsqu’il s’agit d’objectifs d’aménagement multiressource).

De plus, dans le cadre de ce projet, des activités de récolte peu conventionnelles ont été planifiées conjointement dans un secteur d’aménagement intensif et un secteur de mise en valeur de l’habitat de la gélinotte huppée. Ce projet est alors avant-gardiste, de par entre autre (1) l’application du principe de la Triade de Hunter (Hunter, 1990) qui a été, jusqu’à présent, rarement appliqué au Québec sur les terres du domaine publique, (2) le choix des traitements sylvicoles qui ont été retenus dans le cadre de l’aménagement intensif d’un peuplement de bouleau jaune, dans le but de produire à perpétuité du bouleau jaune de qualité déroulage et (3) l’application du principe de microgestion faune-forêt, encore très marginal au Québec, qui vise dans le cas de ce projet, de par les stratégies d’aménagement forestier choisies, à favoriser l’habitat de la gélinotte huppée, tout en permettant la mise en valeur de la ressource ligneuse.

Le troisième objectif de ce projet consiste à planifier un réseau de chemins à l’échelle de la pourvoirie au complet, ce qui facilitera grandement la planification des opérations de récolte forestière à plus long terme sur l’ensemble des secteurs de chasse, et du même coup, permettra de gérer l’habitat de l’orignal à moyen et long terme dans tous les secteurs de chasse.

Enfin, un inventaire sur le terrain a permis de confirmer (ou d’invalider) la présence potentielle de 9 aires de confinement de fin d’hiver de l’orignal. Ceci représente une donnée importante pour le pourvoyeur, de par le caractère dynamique des aires de confinement de fin d’hiver de l’orignal, l’importance de cette ressource pour le pourvoyeur et la forte probabilité que des travaux de récolte ligneuse soient réalisés dans ces milieux au cours des prochaines années.