Analyse de la problématique d’aménagement du bouleau jaune et du bouleau à papier dans les strates mixtes et feuillues sur le territoire de Lanaudière en forêts privées. CERFO. Rapport 2003-06. 37 p. + 6 annexes.

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Les bouleaux présentent des intérêts pour la production de bois d’œuvre et de déroulage. En effet, ce bois est pâle, il a une texture très fine, il se travaille bien (ex. : pour le tournage), il est facile à faire sécher et à teindre. Un propriétaire forestier peut obtenir environ 50 $ pour une bille de bouleau de belle qualité d’environ 30 cm de diamètre et environ 150 $ pour une bille de 40 cm sans défauts. Or, il est beaucoup plus fréquent d’observer des tiges de belle qualité chez les bouleaux que chez les érables. C’est pourquoi un lot forestier composé de bouleaux de gros diamètre peut avoir une valeur marchande élevée.

De plus, les bouleaux contribuent à la qualité de l’habitat de plusieurs espèces fauniques et à la biodiversité. En effet, les ramilles et les feuilles des bouleaux entrent, entre autres, dans l’alimentation du cerf de Virginie, de la gélinotte huppée, du lièvre, de l’orignal et de l’ours noir. Le castor mange aussi son écorce, la bécasse d’Amérique trouve des vers de terre en abondance dans un sol enrichi de la litière des feuilles de bouleaux et plusieurs petits mammifères peuvent trouver refuge dans le tronc creux des vieux bouleaux jaunes.

Afin de dresser un portrait de la régénération en bouleaux dans les forêts privées de Lanaudière, un inventaire forestier a été réalisé dans les strates les plus abondantes et ayant les meilleurs potentiels de produire des bouleaux de qualité. Ces strates ont été identifiées par l’appellation de leur groupement d’essences (Bb, BbR, RBb, ErBb, BjR, RBj, ErBj, EoR, REo, etc.), par leur type écologique (FE22, FE32, MJ12, MJ22, MJ15 et MJ25 ont été inventoriés) et par leur appartenance à une région écologique. L’inventaire a inclus 209 placettes au prime dans des strates âgées de 50 ans et plus et 36 grappes de 10 placettes de 4 m² dans des strates feuillues en régénération (FCTA10).

L’analyse des résultats de cet inventaire a démontré que la régénération en bouleau jaune dans les coupes totales était rarement suffisante pour permettre la reconstitution d’un peuplement de bouleau jaune; seulement 5 grappes sur 36 avaient un coefficient de distribution du bouleau jaune d’au moins 30 %. De plus, ces semis de bouleau jaune sont encore moins souvent en position dominante, ce qui justifie une intervention de dégagement pour reconstituer un peuplement de bouleau jaune. Quant aux strates de plus de 50 ans, la densité des gaules de bouleau jaune variait de 0 à 250 gaules/ha, alors qu’il en faudrait au moins un millier avant intervention afin d’obtenir une retour probable en bouleau jaune.

Le bouleau blanc avait un coefficient de distribution supérieur à 30 % dans le deux tiers des grappes de placettes effectuées dans les strates en régénération. Ce peut être suffisant pour permettre le développement d’un peuplement de bouleau blanc si ces semis sont dégagés. Or, les résultats de l’inventaire ont démontré que c’est rarement le cas dans les coupes totales. Les essences dominantes sont généralement soit des essences tolérantes (érable à sucre, sapin, hêtre) qui étaient installées en sous-bois avant la coupe, leur donnant une longueur d’avance sur le bouleau, soit du peuplier faux-tremble qui a une croissance en hauteur supérieure au bouleau blanc. Quant aux strates de plus de 50 ans, la densité des gaules de bouleau blanc variait de 0 à 500 gaules/ha, alors qu’il en faudrait au moins un millier avant intervention afin d’obtenir un retour probable en bouleau blanc. De plus, c’était les strates où les diamètres des bouleaux marchands étaient les plus près de 10 cm qui avaient le plus de gaules, indiquant que ces gaules devaient être des tiges opprimées du peuplement sur pied plutôt que des tiges en régénération.

La littérature indique que les bouleaux exigent, pour se régénérer suffisamment, des ouvertures du couvert forestier, la présence de semenciers à proximité (< 100 m), une légère perturbation de l’humus entre la chute des feuilles et l’accumulation de neige au sol, ainsi qu’un site frais ou légèrement ombragé pour éviter la sécheresse des jeunes semis qui y sont très sensibles.

Il est donc nécessaire de pratiquer des interventions précises et adaptées à leurs exigences comme, par exemple : la coupe progressive d’ensemencement (par pieds d’arbre, par trouées, par bandes ou irrégulière), la coupe avec réserve de semenciers, le jardinage par trouées, le scarifiage, l’éclaircie précommerciale et l’éclaircie commerciale.

Actuellement, au sein du programme de mise en valeur de la forêt privée de Lanaudière, aucun traitement admissible n’est basé sur les besoins intrinsèques des bouleaux, tant au niveau de la régénération que du maintien de ces essences dans le peuplement. Par conséquent, une stratégie d’aménagement pour les bouleaux a été développée pour les strates ayant les meilleurs potentiels pour les bouleaux dans les forêts privées de Lanaudière. Un échantillonnage plus important serait tout de même nécessaire pour préciser cette stratégie, en suivre les effets réels et pouvoir l’étendre à d’autres strates qui ont un bon potentiel de production de bouleaux, mais qui n’ont pas pu être inventoriées.

Afin de construire cette stratégie d’aménagement, c’est-à-dire un coffre d’outils et des méthodes de travail, un portrait des strates à bouleaux a d’abord été effectué en fonction des données de l’inventaire. Ensuite, des séries d’aménagement (choix de production prioritaire) ont été développées pour les strates inventoriées en adaptant les filtres développés par le MRN pour les terres publiques de la Mauricie. Pour chaque série d’aménagement, les scénarios sylvicoles ont été adaptés en fonction des informations disponibles dans la littérature et des données de l’inventaire sur les terres privées de Lanaudière.

Ce document suggère donc une stratégie d’aménagement qui vise à régénérer et à éduquer les bouleaux sur les terres privées de Lanaudière. Ainsi, les propriétaires privés pourront en retirer des bénéfices importants, tant en termes de valeur des bois produits qu’en termes de contribution à la qualité des habitats fauniques et de contribution à la biodiversité.