Le calcul d’une possibilité forestière réaliste est un élément essentiel dans le cadre d’un aménagement forestier durable. Sa précision est dépendante de plusieurs facteurs, en particulier la concordance entre le choix des peuplements dont la récolte est priorisée par le modèle et ceux effectivement récoltés. Il arrive fréquemment que des peuplements matures éloignés, considérés dans le calcul de la possibilité de coupe à court terme, ne soient récoltés que beaucoup plus tard par rapport à la simulation du logiciel Sylva II car ils n’étaient pas accessibles au moment où le logiciel les a inclus dans la possibilité. Par ce fait, il se trouve que la possibilité de coupe actuelle peut être surestimée par le logiciel; il calcule une possibilité optimum pour chaque strate alors que la réalité suggère une récolte sur une moins grande superficie. Une façon de tenir compte de ces éléments est la formation de compartiments (un outil dans SYLVA II) qui limitent spatialement le calcul de la possibilité de façon à s’assurer que les peuplements considérés dans le calcul de la possibilité forestière soient effectivement récoltés. Cette procédure a toutefois pour effet de complexifier le calcul, de sorte qu’elle n’est pas souvent utilisée à son plein potentiel. Le projet a pour but de déterminer si la non-considération de la dispersion spatiale des peuplements dans le calcul de la possibilité de coupe avec le logiciel SYLVA II n’entraîne pas une surestimation de cette possibilité forestière.
L’aire commune 43-02 dont Abitibi-Consolidated est le bénéficiaire majeur, a servi de territoire d’étude pour ce projet. Nous avons établi un compartimentage de cette aire commune qui respecte la réalité de l’historique des coupes sur le territoire depuis 1976 afin d’avoir une simulation sur une période de 25 ans. Nous avons réalisé trois scénarios de simulation; un calqué sur les calculs de possibilité actuels (tout le territoire ouvert), un scénario réalisé sur la base d’un compartimentage qui prenait seulement en considération les secteurs coupés entre 1976 et 2000 et, finalement, un compartimentage qui prenait non seulement en considération les zones coupées mais aussi la chronologie dans laquelle ils l’ont été. Dans le premier cas de compartimentage, nous avons noté une baisse de la possibilité forestière de 27 % et de 75 % dans le deuxième scénario. Des questions méthodologiques nous amènent à apporter quelques bémols sur ces valeurs mais pas sur le principe que la non prise en considération du compartimentage dans le calcul de la possibilité forestière a pour effet de la surestimer.
Comme principale recommandation, nous suggérons que le calcul de la possibilité sur les futures unités d’aménagement soit subdivisé en sous-unités opérationnellement viables sur une période de 25 ans, c’est-à-dire des unités sur lesquelles il soit raisonnable de penser que tous les peuplements considérés récoltables par Sylva II le soient en réalité. Idéalement, le calcul pourrait également tenir compte de la répartition spatiale des plans quinquennaux d’aménagement forestier comme c’est le cas au Nouveau-Brunswick avec les logiciels Stanley et Woodstock.