Le CERFO, en collaboration avec Louisiana Pacific Canada et le MRNF en Outaouais a élaboré un dispositif expérimental pour le peuplier à grandes dents visant à documenter les effets réels de l’éclaircie précommerciale réalisée à l’automne 2012 sur des peuplements âgés entre 9 et 11 ans. Le présent projet est la suite logique des études débutées en 2010 et 2011, où des peuplements plus jeunes âgés de 4 à 6 ans (2010) et de 6, 7 et 8 ans (2011) ont été suivis. Le projet a pour objectif de poursuivre la mise en place d’une réelle démarche de culture du peuplier à grandes dents, qui est une essence à croissance rapide qui serait plus résistante aux maladies que le peuplier faux-tremble.
Le dispositif a été élaboré selon un plan aléatoire par bloc dans 2 secteurs distincts de l’UAF 73- 51. Pour chacun des 6 blocs, 3 modalités d’éclaircie précommerciale ont été retenues et comparées à des stations témoin non éclaircies. Le traitement conventionnel 1 (TRT_1) a été appliqué selon la norme du MRNF dans les peuplements à dominance de feuillus intolérants en dégageant les arbres d’avenir aux 3 mètres. Le traitement alternatif 2 (TRT_2) a été effectué en dégageant les arbres d’avenir aux 2,5 mètres et le traitement alternatif 3 (TRT_3), en dégageant les arbres d’avenir aux 2 mètres.
Neuf années après la coupe (2003), les types écologiques FE22, FE32 et MJ12 présentent les tiges ayant de plus fortes dimensions que celles situées sur le type écologique MJ15. Pour des conditions semblables, le peuplier à grandes dents possède une hauteur totale et un diamètre à hauteur de poitrine supérieurs à ceux du peuplier faux-tremble. En moyenne, le peuplier à grandes dents présente un DHP de 44 mm alors que le peuplier faux-tremble présente un DHP de 41 mm. Pour la hauteur moyenne, elle est de 6,41 m pour le peuplier à grandes dents alors qu’elle est de 6,01 m pour le peuplier faux-tremble. Un gain en DHP de 3 mm/9 ans est donc observé au niveau du diamètre alors que cela représente un gain de 0,43 m/9 ans au niveau de la hauteur. Bien que les différences observées soient présentement non significativement différentes, ces observations appuient l’hypothèse selon laquelle la croissance juvénile du peuplier à grandes dents est supérieure à celle du peuplier faux-tremble. Les observations effectuées sur le peuplement de 11 ans sont présentées à titre descriptives puisqu’une seule répétition du traitement a pu être réalisée en 2012.
Tel que pratiqué pour les unités de compilation visées, les travaux réalisés aux secteurs Baie Mercier et Corneille sont jugés conformes pour les traitements 1 et 2 puisqu’ils atteignent les objectifs visés par le projet en terme de densité éclaircie. De son côté, le traitement 3 n’atteint pas la limite inférieure ciblée de 1 875 ti/ha avec une densité de 1 706 ti/ha éclaircies. Pour pallier ce manque à gagner, une reprise des travaux a été réalisée et vérifiée en décembre 2012 pour récupérer un maximum de tiges récupérables. La priorité de sélection des feuillus tolérants (CHR, PIB, BOJ, ERS, ORA) et leur répartition spatiale non uniforme (cf. Protocole d’exécution des travaux) ont rendu les travaux d’EPC plus complexes pour les travailleurs, ce qui explique en partie le manque de tiges éclaircies. Par ailleurs, la conservation d’un plus grand nombre de tiges/ha n’empêche pas d’avoir une très bonne proportion de tiges d’avenir libres de croître.
À plus long terme, aux suivis 5, 10, 20 et 30 ans après EPC, le dispositif de recherche permettra de documenter la réponse des peupliers aux différentes intensités d’éclaircie précommerciale en comparaison avec des secteurs non-traités. Il permettra de suivre la croissance en hauteur et en diamètre, la croissance de la cime, l’évolution de la surface de cime, la présence de défauts et de maladies et la mortalité dans le peuplement. Les suivis permettront de comparer l’évolution du peuplier à grandes dents et du peuplier faux-tremble et confirmeront si la mesure de gestion du risque (par le maintien d’un plus grand nombre de tiges à l’hectare) est nécessaire pour la conservation de tiges exemptes de défauts et de maladies et la production de peuplements de haute valeur. La poursuite des expérimentations pourra contribuer à documenter l’effet des différents scénarios sylvicoles sur la production de bois, comme l’impact d’une 2e intervention vers l’âge de 30 ans.