Il y a plusieurs incertitudes dans la définition de la simulation de l’évolution des strates de moins de 7 m en vue de l’élaboration des stratégies d’aménagement forestier et des plans généraux 2005- 2010. Dans le Bas-St-Maurice (Unité de gestion 41), une des préoccupations concerne plus de 30 000 ha de forêts issus des coupes effectuées entre 1976 et 1984. Lors de ces coupes, seules les tiges feuillues de qualité sciage ou déroulage et les tiges résineuses ont été récoltées. En conséquence, il y a de nombreuses tiges rémanentes et leur densité a mené à l’attribution du titre de coupe «partielle» ou «totale» lors de la photo-interprétation. Ces superficies étaient bien régénérées en résineux (coefficient de distribution 60 %) en 1985 et n’ont pas été traitées depuis cette époque. Les objectifs de cette étude étaient donc de tracer un portrait de l’évolution de ces strates et d’évaluer les impacts de la présence des rémanents sur les strates de retour. Les principales caractéristiques d’intérêt pour les strates de retour étaient la composition, la croissance et le délai de régénération.
Un remesurage de 265 placettes (40 m² et prisme), parmi celles effectuées en 1985 (4 m² et prisme), a donc été réalisé sur la base d’un regroupement de types écologiques, de la densité du couvert et du groupe d’essences (résineux, feuillus tolérants, feuillus intolérants). L’âge des tiges n’a pu être mesuré en 2002 pour le calcul du délai de régénération et pour l’attribution des IQS. Une méthode indirecte a donc été développée pour estimer l’âge des différentes essences en régénération en se basant sur le diamètre (DHP) quadratique et des relations hauteur-diamètre développées pour les gaules.
De façon générale, de 1985 à 2002, les volumes des rémanents résineux ont augmenté, alors que des baisses ont été observées pour les feuillus intolérants et une tendance à la stagnation pour les feuillus tolérants. La composition de la strate de retour suit deux gradients principaux. D’abord, les résineux et les feuillus autres que le peuplier faux-tremble subissent un gradient de compétition en fonction de la surface terrière des rémanents. Les placettes situées dans un environnement ouvert sont majoritairement envahies par le peuplier faux-tremble (FE32_3H_30_35, MJ20_10, MJ22_12 et MS21) ou les feuillus non commerciaux (MJ21_11, MJ25_15_24 et MS21); alors que dans les placettes ayant plus de rémanents, la régénération est davantage dominée par les feuillus tolérants, les feuillus peu tolérants et les résineux. L’autre gradient est fonction du type écologique et concerne l’importance relative des résineux (surtout le sapin) et des feuillus tolérants et peu tolérants. En effet, la surface terrière des résineux de la strate de retour augmente selon un gradient en passant des types écologiques feuillus (FE) aux types écologiques mélangés (MJ, puis MS) et finalement aux types écologiques résineux (RS); alors que les feuillus tolérants suivent le même gradient, mais dans l’ordre inverse.
L’accroissement annuel moyen en hauteur des gaules de sapin est réduit d’environ 15-20 % par l’abondance du recouvrement au sol des cimes des rémanents ou par l’oppression provenant d’autres tiges de la strate de retour. Cependant, les résultats de cette étude ne permettent pas, à eux seuls, de fournir un taux précis de perte de croissance en hauteur causée par les rémanents. En effet, les tiges sélectionnées pour étudier l’accroissement n’étaient pas nécessairement celles susceptibles de former le peuplement final et leur âge n’a pas été mesuré.