En Gaspésie, la régénération en bouleau jaune et en épinette blanche à la suite des interventions de récolte est souvent difficile étant donnée la présence d’une compétition élevée en érable à épis et en framboisier dans les ouvertures. Dans ce contexte, un dispositif expérimental en plan aléatoire par blocs a été élaboré par le CERFO et le Groupement forestier coopératif Baie-deschaleurs à l’automne 2006 afin de comparer l’effet de différents types de préparation de terrain sur l’établissement et la survie de la régénération ainsi que sur le développement de la compétition.
Le dispositif est localisé dans la Baie-des-Chaleurs en Gaspésie, dans l’UAF 111-52. Il appartient au sous-domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau jaune de l’est et le type écologique dominant est MS13. Il comprend trois blocs traités par coupe progressive d’ensemencement (CPE) et un quatrième bloc traité par une coupe avec réserve de semenciers (CRS). Chacun des blocs comprend six types de préparation de terrain, soit : par buttes, en plein, par poquets simples, par poquets doubles, par sillons et un témoin sans préparation de terrain.
En 2006, un suivi des travaux de préparation de terrain (Desjardins et coll., 2007) a permis d’évaluer la qualité des lits de germination créés par les différents traitements et la capacité des essences à s’établir. Un an et trois ans après les travaux (2007 et 2009), un premier et un deuxième suivi de la régénération ont été effectués pour mesurer l’implantation du bouleau jaune et de l’épinette blanche (Desjardins et coll., 2008; 2010). Le suivi réalisé en 2012 a pour objectif d’évaluer le traitement qui génère les meilleures conditions de survie et de développement des semis à plus long terme. Il vise également à évaluer la capacité des traitements à contrôler les essences compétitrices.
Les résultats des premiers suivis indiquaient que chaque traitement s’est avéré efficace pour établir une bonne distribution de semis de bouleau jaune (> 70 %). Tous les traitements présentaient une distribution supérieure en bouleau jaune comparativement au témoin. L’épinette blanche est faiblement distribuée dans tous les traitements. La préparation de terrain avait eu un effet de réduction de la composition préétablie des gaules de feuillus non commerciaux. Cependant, elles étaient toujours fortement présentes, tel que documenté dans le suivi après 3 ans (Desjardins et coll., 2010).
Les faits saillants en 2012 sont à l’effet que l’on remarque la plus forte proportion de tiges d’avenir de bouleau jaune libres de croître (38 %) dans le bloc de CPE 2003 ayant le plus fort couvert résiduel (52,5 % de couvert). On remarque également que c’est dans ce bloc de CPE 2003, ayant le couvert le plus fermé après intervention, que l’on observe la plus faible quantité, distribution et hauteur des gaules de feuillus non commerciaux.
On observe la plus grande densité de gaules de bouleau jaune dans la préparation de terrain en plein (779 ti/ha), suivie des poquets simples (675 ti/ha) et des buttes (675 ti/ha). C’est dans la préparation de terrain en plein que l’on observe la plus faible densité et distribution des gaules de feuillus non commerciaux (3 012 ti/ha et 42 %), suivie des poquets simples (4 362 ti/ha et 62 %). C’est également dans le traitement de la préparation de terrain en plein que l’on observe les plus faibles variabilités, et ce, peu importe les données considérées de bouleau jaune et de feuillus non commerciaux, confirmant l’importance de générer le meilleur mélange possible d’humus et de sol minéral au moment de la préparation et de viser la plus grande superficie et uniformité dans le peuplement.
Étant donné que le suivi 6 ans après intervention correspond à un stade auquel un grand nombre de tiges sont en transition vers l’état de gaule (24 340 semis/ha de bouleau jaune comparativement à 502 gaules/ha en moyenne et un coefficient de distribution de semis de bouleau jaune de 77 % comparativement à un CD de 23 % pour les gaules en moyenne), un suivi 9 ans après intervention est recommandé pour confirmer les résultats observés.
De façon générale, à ce stade, il est recommandé de maintenir un peuplement résiduel avec plus de 50 % de couvert après la première intervention de coupe progressive afin de diminuer l’incidence de la compétition. La préparation de terrain en plein est également recommandée en priorité car elle permet un meilleur contrôle de la compétition, en ayant la possibilité de déraciner une plus grande quantité d’érables à épis, suivie de la préparation de terrain par poquets doubles et par poquets simples. De plus, étant donné la forte densité et distribution des gaules de feuillus non commerciaux, une intervention de nettoiement sous forme de dégagement à l’européenne est à envisager afin de libérer les tiges en essences désirées et assurer la composition du futur peuplement. L’étude d’un scénario optimal devra également être faite afin d’améliorer les résultats obtenus avec l’épinette blanche ainsi que pour déterminer le meilleur moment et la méthode la plus appropriée pour réaliser la coupe finale.