Le réseau d’aires protégées de catégories strictes est relativement bien représenté dans la région de la Capitale-Nationale (≈8,8 %), principalement en raison de la présence de parcs nationaux. La Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Capitale-Nationale s’est néanmoins fixé comme objectif d’augmenter à 12 % la proportion d’aires protégées strictes sur son territoire et, d’ici cinq ans, d’explorer l’établissement de 3 % d’aires protégées qualifiées de « moins strictes ». Ces aires protégées moins strictes pourraient notamment permettre le maintien de l’activité forestière ou de l’agriculture dans le respect des objectifs de conservation. Ainsi, grâce à ces objectifs, la région de la Capitale-Nationale atteindrait un pourcentage de 15 % de son territoire en aires protégées. Mentionnons également que la CRÉ de la Capitale-Nationale souhaite augmenter la représentativité des aires protégées en milieu privé, ce étant donné leur faible nombre.
Dans ce contexte, le présent projet a pour objectif d’explorer le potentiel d’implantation d’une aire protégée où l’utilisation durable des ressources serait permise, ce sur un territoire couvert par deux municipalités situées en zone périurbaine de la ville de Québec (Stoneham-et-Tewkesbury et Saint-Gabrielde-Valcartier), où ces mesures de protection sont peu présentes.
La première étape du projet consistait à vérifier si le territoire d’étude présentait des éléments de biodiversité naturelle qui justifieraient la mise en place de mesures de protection. L’analyse a mis en évidence certains éléments naturels du paysage qui sont en carence dans le réseau actuel d’aires protégées. De plus, la rivière Jacques-Cartier présente plusieurs caractéristiques remarquables, mais fragiles. Il s’agit en effet de la rivière à saumon atlantique située la plus à l’ouest dans le continent, et la seule qui se déverse en eau douce. Il s’agit également une rivière hautement réputée aux yeux des amateurs de plein air. Étant situé aux limites du parc national de la Jacques Cartier, le territoire à l’étude occupe une position stratégique puisque la mise en place d’une aire protégée permettrait d’augmenter la protection de l’intégrité écologique du parc, ce en limitant les pressions d’un développement immobilier accéléré et souvent mal planifié, ainsi que les pressions de l’exploitation forestière.
Plusieurs enjeux de conservation sont également liés à la présence humaine. On retrouve en effet sur ce territoire plusieurs traces de son utilisation passée et actuelle par l’humain, comme la présence d’une concentration de sites utilisés par les Premières Nations, le sentier des Jésuites, ainsi qu’un patrimoine religieux et bâti d’une grande diversité architecturale. Si cette région est majoritairement forestière, elle se compose aussi des paysages ruraux où l’interaction de l’homme et de la nature génère une richesse particulière. Ainsi, ces paysages se caractérisent notamment par la présence d’exploitations agricoles de petite échelle, issues d’une agriculture biologique ou responsable, ou de savoir-faire artisanaux. Le territoire d’étude est également reconnu pour l’esthétisme de ses paysages, reflétant le caractère naturel de certains secteurs et son entremêlement avec un passé agricole toujours perceptible.
Parallèlement au portrait des principaux enjeux de biodiversité naturelle et anthropique, une analyse rapide des activités économiques et sociales présentes sur le territoire a été réalisée. Une réflexion sur la compatibilité d’une aire protégée avec le maintien de ces activités (récolte de la matière ligneuse, agriculture, développement immobilier, activités récréatives et touristiques) a été entamée.
Finalement, l’analyse réalisée lors du présent projet confirme que le territoire à l’étude présente des éléments de biodiversité naturelle et anthropique recherchés, qui justifieraient des mesures de protection en raison des menaces qui pourraient compromettre leur intégrité. Les modèles proposés par les catégories d’aires protégées avec utilisation durable des ressources (en particulier la catégorie V de l’UICN et l’aire protégée polyvalente, en cours d’expérimentation au Québec) semblent intéressants en fonction des caractéristiques du territoire d’étude.
Ce projet constitue le premier pas d’une démarche plus globale et plusieurs étapes ultérieures seront nécessaires avant de compléter cette exploration, notamment la consultation auprès des élus, des intervenants du milieu et de la population vis-à-vis d’un tel projet, ainsi que la documentation plus approfondie de plusieurs enjeux.