Considération sur les pertes potentielles de bois occasionnées par le passage récurent des feux de forêt. CERFO. Rapport 2002-12. 114 p.

Rapport_final_CERFO_2002-12_reduit.pdf

Le présent projet a comme objectif principal d’évaluer la susceptibilité de l’aire commune 043- 20 au passage des feux de forêt (la susceptibilité au feu est désignée ici comme étant le risque de subir le passage d’un incendie) et d’estimer les pertes potentielles de bois dues au passage de différents scénarios de feux de forêt. Pour ce faire, plusieurs études scientifiques ont été consultées, et ont permis tout d’abord de déterminer les patrons généraux de répartition des feux et les paramètres qui les influencent. À partir des paramètres retenus, une carte de susceptibilité au feu a ensuite été produite, en fonction de la nature du combustible, de la présence de dépôts de surface minces ou très minces qui ont tendance à augmenter la susceptibilité d’un territoire, de la présence de milieux particulièrement humides qui la diminue et de l’accessibilité au territoire, qui est fonction de la présence d’un réseau routier développé. Il résulte de cette démarche la création d’une carte synthèse de susceptibilité au feu, qui découpe l’aire commune 043-20 en 51 sous-secteurs. De façon générale, près de 53 % du territoire se trouve dans un secteur ayant un niveau de susceptibilité élevé, 40 % dans un secteur ayant un niveau modéré et 5 % dans un secteur de très forte susceptibilité.

Par la suite, différents scénarios de feux de forêt ont été simulés à l’aide du logiciel Sylva II, de manière à identifier les secteurs critiques du territoire, c’est-à-dire les portions de territoire, qui, si elles venaient à brûler, entraîneraient les pires effets au niveau des baisses d’approvisionnement. Dans cette optique, des blocs de superficie semblable ont été constitués à partir de la cartographie des sous-secteurs de la carte de susceptibilité. La superficie des blocs a été calculée en fonction d’une « superficie cible », qui intègre les notions de période critique et de longueur de cycle de feu. Deux scénarios de cycle de feu ont été testés, soit 300 et 400. Il semble que l’utilisation d’un cycle de feu de 400 ans soit plus approprié dans un contexte de projection dans le futur, mais un cycle de 300 ans a également été considéré dans l’optique d’une approche plus conservatrice de gestion des pertes de bois occasionnées par le passage des feux de forêt. Plusieurs calculs de possibilité à rendement soutenu ont été réalisés, en excluant chacun des blocs à tour de rôle, afin d’évaluer l’impact du passage d’un feu à chaque endroit, avant la période critique. Ces simulations montrent tout d’abord que l’utilisation du cycle de 300 ans entraîne les effets négatifs les plus importants sur la possibilité (baisse de plus de 14 % de la possibilité forestière). Aussi, ce cycle doit-il être considéré comme prioritaire en terme de mesures de mitigation pour diminuer les impacts potentiels du feu. Ces simulations permettent ensuite de hiérarchiser l’effet de chacun des blocs sur le calcul de possibilité et d’identifier alors les secteurs de l’aire commune qui présentent les risques de baisse d’approvisionnement les plus importants. Ces derniers devraient faire l’objet de mesures prioritaires pour augmenter la résistance de la forêt au risque d’incendie. Deux principales actions sont proposées, soit améliorer l’accessibilité du territoire lorsque le réseau routier est peu développé, ce qui permet une lutte plus efficace contre le feu, et contrôler la composition forestière, pour viser une répartition adéquate des peuplements feuillus dans les portions de territoires dominées par les résineux (les peuplements feuillus constituent de bons coupe-feu). Ainsi, un territoire dominé par des essences résineuses devrait être aménagé en introduisant de nombreuses inclusions feuillues, de manière à ralentir la progression d’un éventuel feu.