Nouvel outil de prédiction de la régénération forestière 5 ans après feu dans la sapinière à bouleau blanc. CERFO. Technote 2014-03.

Durant l’été 2010, de grandes superficies forestières ont brûlé en Haute-Mauricie (105 000 ha environ). Immédiatement après le passage d’un feu, des questions importantes se posent pour les aménagistes forestiers : La régénération naturelle sera-t-elle suffisante? Quelle sera la composition des peuplements après feu? Quelle sera l’ampleur des travaux sylvicoles à planifier, en fonction des objectifs de production poursuivis et de l’état de la régénération naturelle (densité, composition)?

Pour aider la planification des interventions sylvicoles sur ces territoires brûlés, le CERFO a développé, en 2012, plusieurs modèles de prédiction de la régénération naturelle en essences commerciales (Côté et al. 2012). Cette étude représente une amélioration d’un premier travail effectué par le CERFO dans les années 2000, qui proposait une première série de clés prédictives de la régénération après feu (Boulfroy et al. 2001).

La restauration du pin blanc

Le pin blanc a toujours fait partie du paysage de nos forêts feuillues et mixtes. Historiquement, le passage récurrent des feux ou les renversements par le venta (chablis) favorisaient l’installation de sa régénération. De nos jours, les grands feux ayant disparu de la réalité de la zone feuillue, la régénération du pin blanc comme celle du chêne rouge est affectée.

Article paru dans le Monde forestier du mois d’octobre 2008

La restauration du pin blanc : une stratégie québécoise. CERFO. Technote 2007-04.

Historiquement, le pin blanc s’est toujours régénéré grâce au régime des feux dans la région de l’Outaouais. D’ailleurs, les pinèdes actuelles qui sont pour la plupart âgées de 90 à 120 ans sont majoritairement issues de grands feux de forêt qui ont couvert la vallée de l’Outaouais au début du XXe siècle. Or, de nos jours, le développement des interventions de protection des forêts contre les feux a restreint considérablement la superficie couverte par cette perturbation naturelle dans la zone feuillue, restreignant par le fait même la régénération naturelle et abondante des pins blancs. De plus, l’application de la coupe à diamètre limite dans ces peuplements, des années 60 jusqu’à la fin des années 80, a eu pour principal effet de récolter les plus belles tiges et de créer des ouvertures de tailles variables, sans réel souci de régénérer le pin blanc. De 1980 à aujourd’hui, la coupe de jardinage par pied a eu comme principale préoccupation la récolte des tiges les moins vigoureuses sans porter d’attention à l’installation de la régénération. Ainsi, en ce début de XXIe siècle, de sérieuses inquiétudes sont éprouvées quant à la présence d’une composante dominante en pin blanc dans les peuplements de retour. C’est donc dans l’optique de confirmer ou d’infirmer ces inquiétudes  ainsi que d’élaborer la stratégie d’aménagement du pin blanc que le MRNF, en collaboration avec le CERFO et quelques autres intervenants du milieu, ont entrepris divers travaux.

Considération sur les pertes potentielles de bois occasionnées par le passage récurent des feux de forêt. CERFO. Rapport 2002-12. 114 p.

Le présent projet a comme objectif principal d’évaluer la susceptibilité de l’aire commune 043- 20 au passage des feux de forêt (la susceptibilité au feu est désignée ici comme étant le risque de subir le passage d’un incendie) et d’estimer les pertes potentielles de bois dues au passage de différents scénarios de feux de forêt. Pour ce faire, plusieurs études scientifiques ont été consultées, et ont permis tout d’abord de déterminer les patrons généraux de répartition des feux et les paramètres qui les influencent. À partir des paramètres retenus, une carte de susceptibilité au feu a ensuite été produite, en fonction de la nature du combustible, de la présence de dépôts de surface minces ou très minces qui ont tendance à augmenter la susceptibilité d’un territoire, de la présence de milieux particulièrement humides qui la diminue et de l’accessibilité au territoire, qui est fonction de la présence d’un réseau routier développé. Il résulte de cette démarche la création d’une carte synthèse de susceptibilité au feu, qui découpe l’aire commune 043-20 en 51 sous-secteurs. De façon générale, près de 53 % du territoire se trouve dans un secteur ayant un niveau de susceptibilité élevé, 40 % dans un secteur ayant un niveau modéré et 5 % dans un secteur de très forte susceptibilité.

Par la suite, différents scénarios de feux de forêt ont été simulés à l’aide du logiciel Sylva II, de manière à identifier les secteurs critiques du territoire, c’est-à-dire les portions de territoire, qui, si elles venaient à brûler, entraîneraient les pires effets au niveau des baisses d’approvisionnement. Dans cette optique, des blocs de superficie semblable ont été constitués à partir de la cartographie des sous-secteurs de la carte de susceptibilité. La superficie des blocs a été calculée en fonction d’une « superficie cible », qui intègre les notions de période critique et de longueur de cycle de feu. Deux scénarios de cycle de feu ont été testés, soit 300 et 400. Il semble que l’utilisation d’un cycle de feu de 400 ans soit plus approprié dans un contexte de projection dans le futur, mais un cycle de 300 ans a également été considéré dans l’optique d’une approche plus conservatrice de gestion des pertes de bois occasionnées par le passage des feux de forêt. Plusieurs calculs de possibilité à rendement soutenu ont été réalisés, en excluant chacun des blocs à tour de rôle, afin d’évaluer l’impact du passage d’un feu à chaque endroit, avant la période critique. Ces simulations montrent tout d’abord que l’utilisation du cycle de 300 ans entraîne les effets négatifs les plus importants sur la possibilité (baisse de plus de 14 % de la possibilité forestière). Aussi, ce cycle doit-il être considéré comme prioritaire en terme de mesures de mitigation pour diminuer les impacts potentiels du feu. Ces simulations permettent ensuite de hiérarchiser l’effet de chacun des blocs sur le calcul de possibilité et d’identifier alors les secteurs de l’aire commune qui présentent les risques de baisse d’approvisionnement les plus importants. Ces derniers devraient faire l’objet de mesures prioritaires pour augmenter la résistance de la forêt au risque d’incendie. Deux principales actions sont proposées, soit améliorer l’accessibilité du territoire lorsque le réseau routier est peu développé, ce qui permet une lutte plus efficace contre le feu, et contrôler la composition forestière, pour viser une répartition adéquate des peuplements feuillus dans les portions de territoires dominées par les résineux (les peuplements feuillus constituent de bons coupe-feu). Ainsi, un territoire dominé par des essences résineuses devrait être aménagé en introduisant de nombreuses inclusions feuillues, de manière à ralentir la progression d’un éventuel feu.