Amélioration de la productivité de petits fruits sauvages peu connus et peu distribués au Québec, à la ferme du Domaine du Bocage. CERFO, Cégep de Sainte-Foy, Biopterre et Cégep de La Pocatière. Rapport 2017-11

La Ferme le Domaine du Bocage, située dans la région de Québec, dans la municipalité de SaintFerréol-les-Neiges, produit sous couvert forestier et transforme depuis 2011 plusieurs PFNL, dont des petits fruits sauvages. La terre du Domaine du Bocage est cultivée de façon traditionnelle : les propriétaires récoltent ce qui pousse sous couvert et tentent d’augmenter cette production par certaines actions simples comme l’élagage et l’éclaircie des arbres environnants. Les effets de ces actions ne sont par contre pas documentés et la production n’est pas optimisée. Pourtant, le contrôle de certains paramètres critiques pour la croissance des végétaux et la production de fruits, tels la lumière et les éléments nutritifs disponibles a une incidence sur la productivité des plants et mériterait d’être documenté.

C’est dans ce contexte qu’un dispositif expérimental a été mis en place au Domaine du Bocage en 2016 et a été suivi pendant 2 saisons de croissance, dans le but d’optimiser la production de trois PFNL peu connus des consommateurs au Québec et présentant pourtant un créneau de production novateur et original au Québec : le maïanthème (Maïanthemum canadense), la salsepareille ou aralie à tige nue (Aralia nudicaulis) et le sureau rouge (Sambucus pubens). Les objectifs poursuivis par ce projet sont de (1) documenter la performance en rendement des fruits des 3 PFNL à l’étude, en fonction de différentes conditions de croissance (types de sols, ouverture du couvert, fertilisation), (2) d’évaluer la concentration en antioxydants et la valeur nutritive de ces PFNL et (3) d’en déduire des stratégies optimales pour favoriser les meilleurs rendements et la meilleure qualité de fruits.

En testant différentes conditions d’ouverture de couvert forestier, variant de 5 à 30 % environ et 3 traitements de fertilisation (1 application de chaux, 1 application d’Acti-Sol® (engrais organique de fumier de poulet), 1 application de chaux et Acti-Sol®, 1 témoin sans fertilisant), il a été possible de documenter la performance en rendement des fruits de ces espèces en fonction des variables du milieu. Ainsi, les productions en fruits du maïanthème et de l’aralie sont améliorées en condition de plus grande ouverture du couvert. Pour le maïanthème, plante herbacée de moins de 10 cm de hauteur, le contrôle de la compétition herbacée est aussi bénéfique à la production fruitière. Dans les conditions étudiées, les variations du couvert n’ont par contre pas apporté de différence à la production en fruits du sureau. En ce qui concerne l’apport de fertilisants, il a été montré que la chaux réduit la production fruitière du maïanthème, espèce reconnue pour être acidophile, alors que l’Acti-Sol® augmente celle de l’aralie lors de l’année d’application.

L’évaluation des molécules antioxydantes confirme que les 3 PFNL à l’étude présentent des concentrations en polyphénols totaux se situant entre 1,4 et 1,7 fois celle du bleuet, alors que l’aralie montre un contenu élevé en anthocyanes, comparable à celui du bleuet. Ces petits fruits présentent donc un potentiel intéressant pour la santé, avec un contenu élevé en molécules bioactives. Étant donné les bénéfices que peut présenter l’intégration d’aliments riches en polyphénols sur la santé, les trois petits fruits étudiés au Domaine du Bocage apparaissent comme de bons candidats à intégrer à l’alimentation humaine.

Ainsi, grâce à cette expérimentation, il est déjà possible, après 2 années de suivi, de documenter la performance en rendement des fruits et d’évaluer la teneur en antioxydants ainsi que la valeur nutritive des PFNL à l’étude. Des recommandations sur la régie de culture en vue d’optimiser leurs rendements en fruits ont aussi été formulées. Étant donné la grande variabilité de la production de fruits selon les années et les délais d’alcalinisation du sol suite à l’application de la chaux, un suivi du dispositif sur une plus longue période serait néanmoins pertinent.