Dans la région du Témiscamingue, comme dans d’autres régions feuillues du Québec, la régénération des espèces feuillues semi-tolérantes comme le bouleau jaune s’avère difficile et la possibilité en bois d’œuvre de ces espèces ainsi que la biodiversité sont compromises. Une des pistes de solution pour y remédier est l’exploration de différentes coupes progressives irrégulières. Le régime de la futaie irrégulière a le potentiel de contribuer à maintenir davantage toute la complexité et l’irrégularité des forêts naturelles irrégulières tout en favorisant des essences forestières semi-tolérantes. La coupe progressive irrégulière (CPI) permettrait à la fois l’établissement de la régénération et son éducation tout en contrôlant la compétition dans les peuplements de structure irrégulière.
L’objectif du projet est de comparer différentes variantes de coupe progressive irrégulière, notamment pour identifier les effets sur la composition de la régénération, la production forestière, la biodiversité et l’utilisation de la forêt par la faune (petit gibier). Pour ce faire, un suivi de la régénération à l’automne 2012 de deux variantes de coupe progressive irrégulière, soit la CPI en plein (CPI) et la CPI par lisières (orientation est-ouest : CPIL) réalisées à l’automne 2011 et l’hiver 2012 a été effectué dans le secteur du Grand lac George.
Le dispositif de régénération comprend plusieurs répétitions des traitements (CPI, CPIL, témoins) dans divers types de peuplement (bétulaie jaune à érable rouge et érable à sucre , érablière à chêne rouge, érablière à bouleau jaune ) et de milieu physique (2 et 5). Pour suivre l’installation de la régénération et l’utilisation par le lièvre, 106 virées semi-permanentes ont été installées.
Le suivi réalisé une année et demi après intervention a permis de démontrer que pour chaque type de traitement, le nombre de microsites favorables à l’installation du bouleau jaune était faible, et que ce dernier n’était pas très bien installé dans tous les traitements. Pour le chêne rouge et le pin blanc, les suivis ont démontré que la régénération naturelle est pratiquement inexistante. Au niveau des essences compétitrices, elles étaient présentes et pouvaient être en grand nombre; un suivi permettra d’évaluer la nécessité de réaliser des dégagements. Des tiges broutées étaient présentes dans tous les traitements en faible proportion mais il sera essentiel de faire un suivi à moyen terme pour quantifier l’effet du broutement sur la régénération quand les semis seront plus grands. Concernant l’utilisation des différents traitements par le lièvre, on a pu constater une présence de crottin dans tous les traitements, mais plus élevée dans les témoins et les CPIL que dans la CPI en plein, alors que le couvert vertical y est moins élevé et que l’obstruction latérale y est comparable. Des suivis à plus long termes permettront de mieux quantifier la qualité d’habitat, le brout disponible et l’installation de la régénération.
Le projet permettra aux intervenants régionaux et même provinciaux de développer la capacité de déployer une sylviculture qui soit davantage diversifiée et qui réponde aux besoins écologiques des espèces.