Relations entre la qualité de l’habitat, la possibilité faunique et la rentabilité d’une entreprise de pourvoirie évoluant dans un secteur sous aménagement forestier – Rapport final

L’aménagement forestier modifie la mosaïque forestière et ses composantes de sorte que la qualité des habitats utilisés par l’orignal en est largement tributaire à différentes échelles. Pour les entreprises de pourvoirie opérant sur des territoires à droits exclusifs de chasse et de pêche au Québec, ces modifications au paysage forestier impactent également la qualité de l’expérience recherchée par la clientèle et le recrutement de nouveaux utilisateurs mobilise de plus en plus de ressources humaines et financières pour maintenir la rentabilité des entreprises.

Le projet a pour but d’analyser les relations entre les variables susceptibles d’affecter le succès de chasse et le taux de location des secteurs de chasse, notamment la qualité de l’habitat de l’orignal, la période de chasse, la fidélisation à un secteur de chasse et la présence d’un guide. Pour l’ensemble du territoire de la pourvoirie, la qualité des habitats se serait améliorée entre les inventaires forestiers des 3e et 4e décennaux, l’IQH moyen passant de 0,55 à 0,66. Cette amélioration serait attribuable à l’augmentation de la diversité des peuplements engendrée par les interventions forestières et l’amélioration des techniques de photo-interprétation lors du 4ième inventaire décennal. Les résultats d’analyses ont illustré des relations positives entre le succès de chasse et la période de chasse (1ère, 2e et 3e semaine de chasse), la présence d’un guide et de façon très importante par la superficie occupée par la forêt par secteur de chasse. Des relations significatives existent également entre la proportion d’IQH supérieure à 0,6935 par secteur de chasse et le succès de chasse par groupe de chasseurs pour la période entre 2005 et 2014. Le succès de chasse ne serait pas relié significativement à la fidélité des groupes de chasseurs à un même territoire.

Adaptation et validation de l’indice de qualité d’habitat (IQH) de l’orignal (Alces alces) pour le domaine de l’érablière à bouleau jaune dans le sud-ouest du Québec. CERFO. Rapport 2013-09. 136 p. + 3 annexes.

Avec l’avènement du nouveau régime forestier, les Commissions des ressources naturelles et du territoire (CRRNT) ont la responsabilité de mettre sur pied et d’animer des tables locales de concertation multi-ressources nommées Tables de gestion intégrée des ressources et du territoire (TGIRT). Parmi les rôles qui sont confiés aux membres des TGIRT, on retrouve l’évaluation des impacts des Plans d’aménagement forestier intégré (PAFI) soumis par le MRN. Cependant, les outils d’aide à la décision disponibles pour les TGIRT sont peu nombreux et souvent mal adaptés au contexte régional, particulièrement pour la faune du domaine de l’érablière à bouleau jaune de l’ouest. Tel est le cas pour le modèle d’IQH de l’orignal. En effet, le modèle d’IQH pour l’orignal (Alces alces) actuellement utilisé a été bâti à partir de données provenant de la sapinière à bouleau blanc, possiblement mal adaptées à l’érablière à bouleau jaune de l’ouest de l’Outaouais. Le modèle actuel comprend des indices de qualité de nourriture (IQnourriture) et d’entremêlement de nourriture et d’abri (IQentremêlement), indices dont l’importance est non connue pour l’érablière à bouleau jaune de l’ouest. Les aménagistes de la forêt et de la faune ainsi que les tables GIRT ont besoin d’un outil valide et adapté au principal domaine bioclimatique de la région, soit l’érablière à bouleau jaune. Ainsi, le présent projet vise l’adaptation et la validation de l’indice de qualité d’habitat de l’orignal pour le domaine de l’érablière à bouleau jaune en Outaouais et l’établissement d’un outil efficace et adapté au contexte régional pour permettre l’évaluation des pratiques d’aménagement forestier sur une espèce à l’origine d’enjeux prioritaires sur les plans environnemental, économique et social en Outaouais.

Pour réaliser le projet, une caractérisation des peuplements retrouvés dans l’érablière à bouleau jaune de l’ouest est primordiale. Ainsi, une stratification de l’érablière à bouleau jaune de l’ouest a été réalisée en fonction des appellations cartographiques du 4e décennal. Un inventaire de bois sur pied et de brout comprenant 1 798 points d’observation a été réalisé à l’été 2012 et des compilations pour les différentes strates ont été réalisées. Les analyses ont révélé que la stratification produite était appropriée et il y avait une forte correspondance avec les données d’inventaire. Ensuite, les strates ont été cotées en fonction de leur potentiel d’abri et de nourriture pour calculer différents indices de qualité d’habitat, soit IQnourriture, IQentremêlement et des indices de qualité d’abri (IQabri). Ces indices ont été comptabilisés pour des parcelles de 100 ha et de 500 ha et mis en relation avec les données d’inventaires de pistes d’orignaux de l’hiver 2012 pour déterminer les indices significativement reliés aux quantités de pistes d’orignaux, calculées en terme de proportion de superficie. Il s’est avéré que l’IQnourriture était l’indice expliquant le mieux la proportion de pistes observée pour les deux échelles de parcelles, suivi de l’IQabri, ce dernier étant calculé à partir de la surface terrière résineuse relative, c’est-à-dire qui tient compte de la capacité d’interception de la neige des différentes espèces résineuses. Pour ces deux indices, les relations étaient significativement meilleures lorsque la densité d’orignaux connue était plus élevée, donc où les orignaux peuvent être en compétition pour la sélection d’habitat. Néanmoins, les relations étaient quand même très faibles avec des R2 inférieurs à 0,12. Comme les mêmes indices de qualité, soit l’IQnourriture et l’IQabri, étaient significatifs pour les deux échelles un modèle d’IQH global est proposé (IQH= 0.70 * IQnourriture + 0.30 *IQabri) pour lequel la proportion de pistes augmente significativement avec l’augmentation de l’IQH pour les deux échelles. Le modèle proposé pour l’érablière à bouleau jaune de l’ouest améliore celui de Dussault et al. (2006) développé pour la sapinière à bouleau blanc. Les limites de prédiction du modèle sont discutées dans le rapport. Ce modèle, quoique significatif, pourra être amélioré par de futures études qui pourront intégrer d’autres variables biotiques et abiotiques ainsi que par la réalisation des suivis de pistes à plus long terme et de télémétrie d’orignaux.