Depuis quelques années, dans l’esprit de la stratégie de protection des forêts, le type écologique cartographique est utilisé comme paramètre pour planifier les stratégies d’aménagement forestier et les prescriptions sylvicoles au Québec. Cependant, les utilisateurs doutent de sa précision cartographique. Afin de valider la fiabilité de cette donnée et de mesurer les impacts des discordances éventuellement rapportées sur la planification du PQAF 2008-2012, un projet de recherche a été élaboré par le CERFO et la compagnie Claude Forget inc.
Une analyse de concordance du type écologique entre la donnée cartographique du 3e inventaire décennal et la réalité terrain a été réalisée à l’échelle de l’UAF 061-52, à partir de 275 points d’observation terrestres. Les huit types écologiques les plus représentés sur le territoire de l’UAF sont à l’étude (FE32, MJ12, MJ20, MJ22, MJ25, RS21, RS22 et RS25) : ils couvrent 83 % de l’UAF. Seule la végétation potentielle cartographique FE3 présente une concordance satisfaisante (> 75 %). Les discordances observées au niveau de la végétation potentielle peuvent s’expliquer par (1) des signatures spectrales difficiles à distinguer, (2) des seuils basés sur la présence restreinte d’individus, pas toujours présents dans le couvert dominant, et qui sont alors difficiles à photo-interpréter, (3) la taille des placettes d’inventaire qui ne permet pas d’avoir un portrait représentatif de l’hétérogénéité de certains peuplements et (4) une photo-interprétation réalisée à une échelle pas toujours représentative de l’hétérogénéité des peuplements. Concernant le code de milieu physique, le milieu 2, le plus représenté dans l’UAF, présente un degré de concordances satisfaisant (81 %). Les autres milieux (0, 1 et 5) ont une concordance peu ou pas satisfaisante (< 57 %). Les principales causes de discordance sont reliées à une mauvaise évaluation cartographique de l’épaisseur du dépôt, à une confusion entre les textures moyennes et grossières ou à une évaluation du drainage erronée.
Les confusions observées entraînent des impacts plus ou moins importants sur la stratégie d’aménagement (choix des groupes de production prioritaire (GPP), aménagement intensif versus extensif), la planification des opérations forestières (chantiers d’hiver versus d’été pour limiter les risques et contraintes liés aux opérations), certains choix sylvicoles et enjeux de biodiversité. En ce qui concerne la stratégie, la confusion entre FE32 et MJ12 ne génère aucun impact car ces dernières sont systématiquement regroupées dans les filtres utilisés. La confusion entre MJ1 et MS2 ou RS2 est par contre lourde de conséquence car cela implique des changements majeurs de GPP. Plusieurs recommandations, en lien avec l’inventaire sur le terrain, l’amélioration de la qualité de l’information présentée sur la carte écoforestière et la stratégie d’aménagement, sont finalement présentées.