Actuellement, en Mauricie, les industriels dénotent des écarts importants entre les estimations des volumes feuillus à récolter faites au niveau de la planification et les approvisionnements réels. Ces industriels suspectent que les tarifs de cubage surestiment les volumes réellement disponibles. De plus, ils estiment que les matrices provinciales de répartition par produits n’évaluent pas adéquatement les volumes de bois d’œuvre présents dans les peuplements mixtes.
Les causes de ces écarts sont nombreuses. En plus des tarifs de cubage et de la matrice de répartition par produits, questionnés par les industriels, le type écologique en présence, l’échantillonnage, l’évaluation de la qualité des tiges, la quantité de bois laissé sur le parterre de coupe, le tronçonnage, la quantité de rémanents laissés dans les aires d’intervention, le mesurage des bois abattus ou le type d’intervention sont autant de paramètres qui peuvent entraîner des différences entre les estimations faites au niveau de la planification et la réalité du bois abattu et récolté.
Afin d’estimer l’influence de ces paramètres sur l’évaluation des volumes, une étude a été entreprise dans l’aire commune 41-02.
Cette étude vise, en premier lieu, à vérifier l’importance des types écologiques en présence comme source de variation du volume marchand brut et dans la répartition des volumes par produits. Elle vise par la suite à évaluer l’importance de d’autres sources de variation, telles le tarif de cubage, le tronçonnage et les matrices provinciales, dans la variation des volumes récoltés par rapport à l’évaluation des volumes d’approvisionnement.
Cette étude est basée sur la coupe de toutes les tiges feuillues commerciales présentes dans 5 secteurs d’une superficie de 1 ha chacun. Ces secteurs ont été positionnés dans les peuplements mélangés les plus problématiques (BJRF) en fonction des types écologiques les plus courants dans l’aire commune, soit 3 ha sur MJ22 et 2 ha sur FE32. Afin de dresser un portrait complet des tiges présentes dans les secteurs, trois prises de données ont été réalisées : un inventaire du bois sur pied avant la coupe, un mesurage au moment de l’abattage des tiges et un mesurage par produit suite au tronçonnage.
Les résultats indiquent qu’aucune différence significative entre les types écologiques ne fut observée dans l’évaluation des volumes marchands bruts réels de l’érable à sucre. Cependant, des volumes significativement plus faibles pour un diamètre donné sur le type écologique MJ22 furent observés pour le bouleau à papier, le bouleau jaune et l’érable rouge, principalement à cause d’une relation dhp-hauteur différente en fonction des types écologiques.
L’utilisation du tarif de cubage général sous-estime, pour les 4 essences étudiées, les volumes marchands réels présents sur le parterre de coupe. Ces différences sont significatives pour les érables à sucre et rouge sur le type écologique FE32 et non significatives pour les bouleaux à papier et jaune.
Les particularités industrielles de mesurage, permettant de considérer les tiges dites sciables comme des sciages, augmentent de 50 % la proportion de volume de bois d’œuvre comparativement à l’application des normes provinciales.
Suite à l’application des particularités industrielles de mesurage, la matrice de répartition par produit estime correctement le volume de bois d’œuvre des bouleaux à papier et blanc. Toutefois, malgré les ajustements industrielles de mesurage, la surestimation des volumes de bois d’œuvre demeure significative chez les érables. Dans l’estimation des autres produits, une très forte proportion de volume de déchets doit être considérée comme des volumes de pâte non utilisés. Il fut observé une répartition par produit différente en fonction des classes de qualité et des classes de diamètre pour les quatre essences. Des différences ont également été observées en fonction des types écologiques pour les bouleaux à papier et jaune.
Sans présumer de ces résultats pour l’ensemble du Québec, il est tout de même recommandé de :
-adapter le calcul des volumes en fonction des relations dhp-hauteur par type écologique;
-distinguer le sciage du sciable (norme industrielle) dans la répartition par produit;
-régionaliser les matrices de répartition par produit;
-tenir compte du type de prélèvement dans la planification des volumes par essence et par produit.