Situé en Outaouais, le territoire Kenauk couvre plus de 259 km² de forêts, lacs et rivières. Il se distingue par sa richesse écologique puisqu’il contient certaines des forêts les plus anciennes de l’Outaouais et une faune abondante et diversifiée. Ce site est actuellement exploité dans un contexte de gestion intégrée et durable des ressources et le gestionnaire du territoire, Kenauk Nature S.E.C., spécialisé dans le tourisme de nature, souhaite diversifier son offre de services et aménager des infrastructures d’accueil et d’accessibilité afin d’accroître sa clientèle et prolonger la durée des séjours dans ses installations. Pour réaliser ce mandat d’acquisition de connaissances, une méthode de classification orientée-objet a été utilisée à partir d’images Landsat 5 acquises en 1984, 1999 et 2009. Cette méthode a permis de réaliser une cartographie temporelle de l’occupation du sol à l’échelle d’un peuplement forestier (4 ha en moyenne) tout en assurant un suivi étalé sur 25 ans.
Pour 2009, il a été possible de générer une cartographie d’une précision globale de 80,8 %. En analysant les trois cartographies obtenues, on remarque que la superficie des plans d’eau est relativement stable (6 %), alors que celle des milieux humides diminue légèrement (13 à 9 %) depuis 25 ans. On remarque également que la récolte forestière est majoritairement représentée par des coupes d’un seul tenant de plus grandes superficies en 1984 alors qu’elle est représentée par un plus grand nombre de coupes de plus petites superficies en 1999 et en 2009. En termes de superficie totale, les résultats indiquent également que la pression de récolte des années 1999 et 2009 était 1,5 fois supérieure à celle de 1984. Malgré cela, la proportion du territoire occupé par la forêt est peu variable (77 %), ce qui indique que les parterres de coupes se sont très bien régénérés après 25 ans et que la pression anthropique sur le territoire a été très limitée. Les milieux forestiers mélangés à dominance feuillue diminuent alors que les milieux feuillus augmentent. Une hypothèse avancée pour expliquer ce phénomène peut s’expliquer par l’enfeuillement qui est souvent associé à la récolte forestière en forêt mélangée. En effet, les résineux ont plus de difficulté à se régénérer sur les parterres de coupe et perdent leur place dans la succession forestière aux dépens des feuillus plus opportunistes. Avec le temps, on voit que les peuplements se morcellent finement suite aux nombreuses coupes forestières, mais qu’ils reviennent à l’état d’origine après 25 ans.