Création de tables de rendement pour le bouleau jaune. CERFO. Rapport 2005-07. 47 p.

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De l’avis de plusieurs, il existe un doute raisonnable que les tables de rendement présentement utilisées pour le bouleau jaune ne soient pas adéquates et adaptées à la réalité de cette espèce au Québec. En effet, elles sont calquées sur celles des feuillus tolérants de l’Ontario (Plonski, 1981). Le modèle de rendement des feuillus tolérants de l’Ontario a été élaboré d’après de nombreuses espèces dont l’autécologie est variable, particulièrement en terme de croissance, de tolérance à l’ombre et de longévité. La méthode d’élaboration des courbes employée par Plonski (1969, 1981) avait pour effet d’éliminer systématiquement les placettes qui étaient situées aux limites supérieures et inférieures des observations. Ainsi, si une espèce avait une croissance supérieure ou inférieure à l’ensemble des feuillus tolérants, les placettes où elle dominait pourraient avoir été rejetées.

Le projet visait donc à valider les tables actuelles et à amorcer la création de tables spécifiques au bouleau jaune par l’établissement de placettes-échantillons temporaires dans des peuplements purs et équiennes de bouleau jaune. Un inventaire de 63 placettes-échantillons temporaires a été réalisé dans des peuplements purs et équiennes de bouleau jaune de Portneuf, de la Mauricie et du Témiscamingue à l’automne 2003. Après vérification de la structure des peuplements à partir des études d’arbres, 45 placettes âgées entre 19 et 265 ans, répondaient aux critères pour élaborer des tables de rendement. Fait intéressant à noter, il existerait un climax édaphique pour des bétulaies à bouleau jaune sur les bas de pente rocailleux.

Des observations ont démontré que le bouleau jaune, tant au Québec qu’en Ontario, pouvait avoir une croissance en hauteur plus rapide que celle représentée par les courbes d’indices de qualité de station pour les feuillus tolérants de l’Ontario. De plus, les placettes temporaires n’ont pas permis de distinguer des qualités de station différentes par type écologique. La forme des courbes d’indices de qualité de station pour le bouleau jaune ressemblerait davantage à celle des courbes utilisées au Québec pour le bouleau à papier, une espèce parente.

Les 45 placettes-échantillons temporaires ont donc été séparées en deux qualités de station sur cette base, ce qui a permis de distinguer des rendements différents en fonction de l’âge. Sur les stations de meilleure qualité, l’accroissement en volume du bouleau jaune est plus rapide que celui des feuillus tolérants, réduisant ainsi l’âge d’exploitabilité. Quant aux stations de qualité moyenne, le rendement et l’âge d’exploitabilité obtenus d’après le modèle québécois sont davantage similaires à ceux du modèle des feuillus tolérants de l’Ontario. Cependant, des doutes ont été émis sur la capacité de maintenir un couvert fermé, pur et équienne dans les peuplements de bouleau jaune après 110 à 145 ans, contrairement aux courbes des feuillus tolérants. En effet, il a été très difficile de trouver des peuplements fermés, purs et équiennes de plus de 110 à 145 ans selon la qualité de la station. Une des hypothèses soulevées est qu’une mortalité partielle aurait pour effet d’ouvrir le couvert, d’augmenter la proportion d’espèces tolérantes et d’affecter la structure du peuplement au point où il ne pouvait plus être échantillonné dans la présente étude.

Finalement, des recommandations ont été faites visant principalement les modalités d’application du modèle développé pour le bouleau jaune, des mises en garde face à l’utilisation du modèle des feuillus tolérants de l’Ontario et des améliorations à apporter au modèle de rendement du bouleau jaune proposé pour le Québec.