Rapport_final_CERFO_2015-02.pdf
En 2010, un projet sur la bonification de la stratégie d’aménagement forestier de la Station forestière de Duchesnay a été réalisé par le CERFO. Ce projet proposait des pistes de solution pour améliorer à court et long termes la possibilité forestière du territoire, dont celle du bouleau jaune. Une des pistes de solution qui avait été fournie est l’exploration de différentes coupes progressives irrégulières. Le régime de la futaie irrégulière a le potentiel de contribuer à incorporer davantage toute la complexité et l’irrégularité des forêts naturelles irrégulières tout en favorisant des essences forestières semi-tolérantes. La coupe progressive irrégulière (CPI) permettrait à la fois l’établissement de la régénération et son éducation tout en contrôlant la compétition dans les peuplements de structure irrégulière.
L’objectif du projet est de comparer différentes variantes de coupe progressive irrégulière, notamment pour identifier les effets sur la composition de la régénération, la production forestière, la biodiversité et la faisabilité à une échelle opérationnelle. Pour ce faire, trois variantes de coupe progressive irrégulière ont été réalisées à Duchesnay, soit la CPI par micro-peuplements (CPImp), la CPI à trouées agrandies (CPIt) la CPI à couvert permanent (CPIcp).
Lors de la première année du projet, un dispositif comprenant 4 blocs séparés en trois traitements de CPI, soit la CPImp, la CPIcp et la CPIt ainsi qu’un témoin et 1 bloc avec la CPImp ont été établis. Le martelage dans la CPImp visait à maintenir un couvert se situant entre 55 et 65 % en fonction des caractéristiques du peuplement rencontrées lors du martelage, soit des cas d’installation, de croissance et de libération de la régénération. Le martelage négatif de la CPIcp visait à établir des trouées sur un maximum de 20 % de la superficie, pour installer la régénération là où le peuplement était de mauvaise qualité et de réaliser une récolte de type amélioration entre les trouées. Pour la CPIt, le martelage positif visait à identifier les tiges au pourtour des trouées pour former entre 10 et 12 % de trouées variant de 200 à 400 m2. Les opérations de récolte ont eu lieu à l’automne 2011. Dans les différents blocs de coupe, des traitements de préparation terrain ont été réalisés (scarifiage, débroussaillage, et débroussaillage et scarifiage ensemble) à l’automne 2011 et à l’automne 2012. Lors de la deuxième année, les travaux de récolte réalisés ont été évalués et un des dispositifs de suivi du bois sur pied et de suivi de la régénération, incluant un essai sur le drageonnement du hêtre, a été installé dans le secteur sud. Lors de la troisième année, des dispositifs de suivi du bois sur pied et de régénération ont été installés dans le secteur nord. De plus, un suivi du bois mort a été réalisé.
Les résultats d’installation du dispositif du secteur nord, le 2e suivi des drageons de HEG et le suivi du bois mort sont présentés dans ce rapport ainsi que des recommandations quant aux modalités des différentes CPI et des suivis à réaliser.
Pour le suivi du bois sur pied, des placettes ont été mesurées après coupe et des placettes permanentes avec des arbres étude ont été installées. Pour suivre l’installation de la régénération et le couvert forestier résiduel, des virées semi-permanentes ont été installées. De plus, considérant la problématique d’envahissement du HEG à Duchesnay, un essai a été réalisé pour tester l’effet de différentes hauteurs de coupe de HEG sur le drageonnement et les rejets de souche. Le bois mort, soit les chicots et les débris ligneux, a été mesuré le long de virées continues.
Le suivi réalisé après intervention a permis de démontrer que la CPImp et la CPIcp étaient facilement réalisables de façon opérationnelle (déplacement de la machinerie, conformité des travaux, volume récolté), alors que pour la CPIt, le niveau de récolte des tiges non martelées en bordure de sentiers et trouées était faible. Au niveau des couverts résiduels, les modalités de martelage de la CPImp, dont les espacements visés entre les tiges permettaient d’atteindre le couvert résiduel cible seulement si une préparation terrain était réalisée, indiquent la nécessité de retirer le sous-couvert non désiré pour atteindre des conditions lumineuses adéquates au niveau du sol pour l’installation et la survie du BOJ. Cette notion d’espacement permet de dégager davantage les tiges d’avenir et potentiellement d’accroître davantage la production de bois d’œuvre dans la CPImp que dans la CPIt et la CPIcp. L’analyse de la régénération a démontré un succès d’installation élevé du BOJ (>80 % de coefficient de distribution) dans tous les traitements lorsque le sol est perturbé dans le secteur sud, mais plus faible dans le secteur nord. Des suivis à moyen et long termes permettront d’évaluer la croissance du bois sur pied et la survie de la régénération.
L’exploration de nouveaux traitements et de nouvelles modalités générera de nouvelles options qui pourront servir tant à l’échelle de la Station forestière de Duchesnay qu’à l’échelle régionale et même provinciale par le biais de recommandations pour la réalisation des différentes coupes progressives irrégulières proposées dans le Guide sylvicole provincial.