Rapport_final_CERFO_2015-16.pdf
Dans la région du Témiscamingue, comme dans d’autres régions feuillues du Québec, la régénération des espèces feuillues semi-tolérantes comme le bouleau jaune s’avère difficile et la possibilité en bois d’oeuvre de ces espèces ainsi que la biodiversité peuvent être compromises.
Une des pistes de solution pour y remédier est l’exploration de différentes coupes progressives irrégulières. Le régime de la futaie irrégulière a le potentiel de contribuer à maintenir davantage toute la complexité et l’irrégularité des forêts naturelles irrégulières tout en favorisant des essences forestières semi-tolérantes. La coupe progressive irrégulière (CPI) permettrait à la fois l’établissement de la régénération et son éducation tout en contrôlant la compétition dans les peuplements de structure irrégulière.
En 2009, dans le cadre du Programme PMVRMF-Volet 1, Tembec, en collaboration avec le CERFO et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, a élaboré un projet pilote visant à améliorer les prescriptions sylvicoles et à développer des modalités de CPI pour des forêts feuillues et mélangées à dominance feuillue. Pour ce faire, des chantiers localisés au
Témiscamingue dans les UA 81-51 et 81-52 ont été choisis, soit le chantier du Petit lac Caugnawana et du Grand lac Georges. Ces derniers sont localisés dans l’érablière à bouleau jaune de l’ouest et plus précisément dans la région écologique des Collines de l’Outaouais et du Témiscamingue (3a). Dans le secteur du Caugnawana, 3 types de patrons de CPI sont implantés,
des CPI par micro-peuplements (CPImp), par trouées (CPIt) et par lisières (CPIl). Un scarifiage a été effectué en juin 2010 accompagné d’un ensemencement de glands de CHR dans les trouées et d’un enrichissement en PIB dans certaines lisières. Au secteur du Grand lac Georges, 2 types de patrons de CPI ont été implantés, soit des CPIl et des CPImp, avec aucun scarifiage réalisé. L’objectif du projet est de comparer différentes variantes de CPI, notamment pour identifier les effets sur la composition de la régénération essences désirées (BOJ, CHR et PIB), la production forestière, la biodiversité et l’utilisation de la forêt par la faune.
En 2010, un dispositif de suivi du bois sur pied a été installé dans les CPI localisées au secteur Caugnawana. En 2011 et 2012, des dispositifs de suivi de la régénération ont été implantés dans les deux secteurs, en plus de documenter l’impact des différents patrons de CPI sur la présence du
lièvre d’Amérique (mesure de crottins) et du broutage (cervidés et lièvre). Les crottins de lièvres ont été remesurés pendant deux années consécutives. Une étudiante de l’UQAT a réalisé une maîtrise sur ce sujet.
Dans le cadre du présent rapport, un suivi du bois mort a été fait dans le chantier du Grand lac Georges en 2014. De plus, un suivi des plants CHR dans les trouées et des PIB dans les lisières a été réalisé au Caugnawana pour documenter la nécessité de dégager les plants et la présence ou
non de rouille vésiculeuse du PIB. À l’automne 2014, un dispositif de suivi de l’impact des types de CPI sur la salamandre rayée a été installé au Caugnawana. Pour les suivis des CHR et PIB, les analyses ont révélé l’urgence de réaliser des dégagements au cours de la prochaine année. Pour le suivi des PIB plantés dans les lisières, les suivis ont montré que la rouille vésiculeuse était présente sur environ 20% des plants. Pour ce qui est du lièvre, ce dernier était présent dans les trois types de CPI et les visites préliminaires indiquent une présence de salamandre dans les trois variantes de CPI. Au niveau du bois mort, soit les chicots et débris
ligneux, les résultats indiquent que les modalités actuelles de CPImp permettent de maintenir des gros chicots et débris ligneux en quantités suffisantes pour le maintien d’attributs de biodiversité suggérés dans la littérature.
Le projet a permis de documenter l’application du régime de la futaie irrégulière feuillue, incluant les impacts des diverses modalités sur la régénération, la qualité et la quantité de bois, les incidences sur les autres fonctions de la forêt, dont la faune et la récréation en forêt et les enjeux
de biodiversité. Des suivis à moyen terme et long terme sont essentiels pour la documentation des effets réels des différents types de CPI sur la régénération, les habitats et la croissance des bois sur pieds.