Rapport_final_CERFO_2010-04.pdf
En Gaspésie, la régénération rapide en bouleau jaune et en épinette blanche s’avère difficile. Afin de garantir le succès du retour de ces espèces, des coupes de régénération adéquates doivent être appliquées et des méthodes efficaces de scarifiage doivent être retenues pour favoriser la régénération de ces deux espèces. Un dispositif expérimental, installé à l’automne 2006, explore cinq méthodes différentes de préparation de terrain, soit la création de poquets simples, de poquets doubles, de sillons, de buttes et le déblaiement en plein avec peigne ainsi qu’un témoin. La première étape consiste à évaluer la productivité des méthodes et leur acceptabilité économique, le pourcentage de superficie perturbée et la qualification des microsites. La deuxième étape consiste à évaluer, un an après les travaux, l’établissement du bouleau jaune et de l’épinette blanche en fonction des divers traitements réalisés. Finalement, la troisième étape consiste à effectuer un suivi trois ans après les travaux de scarifiage, afin d’évaluer le taux de survie et le rendement du bouleau jaune et de l’épinette blanche et l’agressivité de la compétition.
La préparation de terrain par le déblaiement en plein a été celle où la superficie perturbée a été la plus importante. Cependant, cette éventualité était possible quand les facteurs terrain (pente, végétation préétablie, épaisseur du sol) ne contraignaient pas le déplacement de la machine. Ce type de scarifiage a été efficace pour la création de lits de germination favorables à la germination, minimisant ainsi les décapages trop sévères. La création de poquets simples est le traitement le plus productif en termes de temps, mais tout comme les poquets doubles et les buttes, il risque de créer des lits de germination infertiles. La création de poquets est la méthode la plus efficace pour traiter les pentes fortes et pour protéger la régénération préétablie. Les buttes diminuent beaucoup l’efficacité de production de la pelle et les sillons, quoique très productifs, ne perturbent pas une surface importante mais toutefois suffisante.
Après 3 ans, aucune différence significative ne fut remarquée entre les traitements, concernant le taux de survie, le rendement en croissance et la compétition interspécifique de la régénération des différentes essences. Cependant, les traitements de scarifiage apportent des résultats significatifs quant à la régénération du bouleau jaune par rapport au témoin. Afin de définir un seuil convenable pouvant gérer les risques de la non-plasticité des semis de bouleaux jaunes, le coefficient de distribution a été évalué sur de très petites placettes de 1 m². Puisque l’objectif est la régénération rapide d’une seule cohorte, il est important de vérifier l’uniformité de la régénération avec une unité de base très petite afin de s’assurer d’atteindre les objectifs de plein boisement. Sur cette base, le succès d’établissement obtenu pour le bouleau jaune se chiffre avec un coefficient de distribution supérieur à 70 % (avec plus de 7 000 tiges à l’hectare). Ce succès serait en lien direct avec un substrat minéral ou mélangé, créé par le scarifiage. Le taux de survie après trois ans est de 62 % pour 4 600 semis/ha uniformément distribués au m². Le taux de survie dans les secteurs scarifiés est de 14 % supérieur au témoin mais ce résultat ne représente pas une différence significative.
Les résultats du scarifiage sont plus mitigés pour l’épinette blanche qui obtient un coefficient supérieur à 20 % pour l’établissement, ce qui demeure tout de même un coefficient quatre fois plus élevé que le témoin. Le taux de survie après trois ans n’est que de 41 % dans les secteurs scarifiés, ce qui est 8 % supérieur aux témoins. Avec 800 tiges/ha réparties uniformément au m², l’épinette blanche devrait maintenir une présence équivalente au peuplement précédant. Bien que les résultats de régénération des secteurs scarifiés soient supérieurs aux témoins, ces derniers ne sont pas significativement différents.
Le scarifiage n’a pas eu d’effet significatif sur la régénération du sapin baumier, du bouleau à papier et de l’érable rouge. Le déblaiement en plein a par contre eu un effet négatif sur le coefficient de distribution de l’érable à sucre. Le scarifiage a significativement influencé la présence du framboisier. La présence de l’érable à épis est très forte dans chacun des traitements incluant le témoin, de sorte que 96 % des bouleaux jaunes sont opprimés. Concernant le broutage, celui-ci semble aléatoire malgré le fait qu’une faible tendance démontre que la présence de broutage est en hausse quand la densité de bouleau jaune augmente.
En résumé, cette étude démontre que la régénération du bouleau jaune est très dense trois ans après la préparation de terrain avec plus de 65 0000 semis à l’hectare, mais le coefficient de distribution est inférieur à 50 % en considérant la présence d’une tige à tous les mètres carrés. De plus, la compétition pourrait fortement limiter sa croissance et sa survie à plus long terme sans intervention supplémentaire.