Suivi 15 ans après une intervention d’éclaircie dans une érablière à feuillus tolérants de la réserve faunique de Papineau-Labelle. CERFO. Rapport 2012-15. 50 pages + 1 annexe.

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De façon avant-gardiste, la compagnie Produits forestiers Turpin (maintenant Lauzon Ressources Forestières) et l’unité de gestion de Buckingham (MRNF), en collaboration avec le CERFO, installèrent en 1995 un dispositif expérimental visant à développer des scénarios sylvicoles performants pour la production de bois d’œuvre dans les érablières de l’Outaouais. Le dispositif est situé dans le sous-domaine bioclimatique de l’érablière à bouleau jaune de l’ouest sur le type écologique FE22.

L’objectif du projet consiste à comparer 2 méthodes de mise en application de l’éclaircie dans une érablière à feuillus tolérants dans la classe des 70 ans et un témoin sans intervention. L’intervention traditionnelle de coupe d’amélioration (suppression prioritaire des arbres de faible vigueur) fut comparée à l’éclaircie sélective telle que définie par Schütz (1990) (identification des arbres d’avenir qui formeront le peuplement final et suppression des tiges gênantes au développement de leur cime). Le dispositif a été établi selon un plan en blocs complets aléatoires avec 3 répétitions.

Pour le suivi effectué à partir des arbres d’avenir d’érable à sucre, les résultats indiquent que l’éclaircie sélective présente des accroissements en diamètre significativement supérieurs à ceux observés dans la coupe d’amélioration et le témoin pour des tiges dont le DHP varie de 24 cm à 44 cm, le témoin et la coupe d’amélioration étant équivalents. Par exemple, une tige d’érable à sucre de 24 cm s’accroît de 3,7 cm/15 ans dans le témoin, de 4,4 cm/15 ans dans la coupe d’amélioration et de 5,8 cm/15 ans dans l’éclaircie sélective. Pour les tiges de 24 cm et moins, aucune différence significative entre les traitements n’a été observée. La même relation a été observée au niveau des accroissements en volume en indiquant des gains importants au niveau de la production du volume de sciage. Par exemple, une tige de 30 cm s’accroît de 0,13 m 3 /15 ans et 0,12 m 3 /15 ans dans le témoin et la coupe d’amélioration alors qu’elle va s’accroître de 0,20 m 3 /15 ans dans l’éclaircie sélective. Un gain variant entre 0,07 et 0,08 m 3 /15 ans est donc observé en faveur de l’éclaircie sélective. En valeur monétaire, ces gains se traduisent par un bénéfice moyen de 6 $/tige récoltée pour le mandataire. Par ailleurs, les données recueillies ont permis de conclure que la cime des arbres-études du témoin et de l’éclaircie sélective est significativement moins asymétrique que celle des arbres-études de la coupe d’amélioration.

Au niveau du peuplement, les analyses ont démontré qu’il n’y a pas de différence significative entre les traitements pour l’accroissement en surface terrière. Pour le volume total, les résultats indiquent que l’accroissement en volume total du témoin est significativement supérieur à celui observé dans l’éclaircie sélective, mais équivalent à celui de la coupe d’amélioration. Les accroissements en volume total varient de 30 à 70 m 3 /ha/15 ans et les différences entre les traitements sont principalement dues à l’accroissement en volume de pâte généré par la coupe d’amélioration et le témoin. Pour l’accroissement du bois d’œuvre en volume de déroulage, les données recueillies ont permis de conclure à de meilleurs accroissements dans l’éclaircie sélective que dans la coupe d’amélioration et le témoin. L’éclaircie sélective présente des accroissements de 0,91 m3 /ha/15 ans alors que la coupe d’amélioration et le témoin présentent des accroissements respectifs de 0,20 et 0,38 m 3 /ha/15 ans. Pour les accroissements en volume de sciage, les analyses n’ont pas indiqué d’effet significatif des traitements et ont plutôt conclu à un effet très significatif de la condition initiale du peuplement, où l’éclaircie sélective a débuté avec une plus grande proportion de sciage, qui s’est aujourd’hui maintenue dans le peuplement.

Concernant la mortalité, les analyses n’ont pas permis de conclure à un effet du traitement et les résultats indiquent qu’elle est plutôt attribuable aux types d’essences et au diamètre initial des tiges. Le bouleau jaune, le peuplier à grandes dents et l’érable rouge présentent des taux de mortalité équivalents significativement plus élevés que celui de l’érable à sucre, qui présente un taux de mortalité moyen de 4 %.

Dans un contexte de production de valeur ajoutée du bois sur pied, ces résultats soulignent l’importance de détourer les cimes des arbres d’avenir lors des interventions de récolte forestière afin de maximiser la production de bois d’œuvre dans les érablières de l’Outaouais. De plus, le détourage des arbres d’avenir permet d’activer la production de gros arbres et représente conséquemment une mesure à promouvoir pour la restauration active d’attributs de vieilles forêts. Finalement, pour les interventions effectuées, la rotation de 20 ans convient généralement aux érablières riches de l’Outaouais situées sur des stations FE22. Mais en se basant sur les diagrammes de densité (OMNR, 1998) et la reconstitution obtenue de la surface terrière initiale, les rotations de 15 ans ne doivent pas être exclues.