La boite à malices du sylviculteur : le calcul du volume de bois marchand d’un peuplement

De nos jours, l’exercice de prescription sylvicole repose de plus en plus sur des données issues de compilations multiples. Pourtant, la réalité terrain confirme souvent que le milieu est hétérogène et que cette complexité ne devrait pas être sous-estimée si l’on veut que les prescriptions sylvicoles soient cohérentes avec le terrain, optimales et permettent de remplir les objectifs de production qui ont été fixés en amont. Ainsi, l’ingénieur forestier qui prescrit a besoin de mettre rapidement ses données en perspective pour valider les diverses options qui se présentent.

Article paru dans le Monde forestier du mois de septembre 2017

Mieux utiliser et interpréter les données forestières : pistes de solutions. CERFO. Technote 2011-04.

L’objectif premier de l’inventaire forestier décennal est d’établir les volumes de bois par unité de compilation. Or, depuis de nombreuses années, ces données sont aussi utilisées pour établir les prescriptions sylvicoles. Malheureusement, leur usage dans les processus décisionnels est devenu rapidement abusif, niant leur valeur statistique. Leur variabilité importante suggère de les considérer davantage comme des ordres de grandeur.  

Par ailleurs, la cartographie forestière a toujours été sous-utilisée. Mais suite aux avancées technologiques récentes, sa qualité a augmenté son pouvoir prédictif dans le processus de prescription sylvicole. Ce texte rappelle certains constats et présente une méthode de travail pour l’utilisation conjointe des données cartographiques et d’inventaire.  

Le diagnostic sylvicole, un outil indispensable pour atteindre les objectifs. CERFO. Technote 2011-03.

Devant la complexification de la problématique sylvicole, le processus actuel de prescription sylvicole par validation de conformité appliqué en forêt publique présente de nombreuses lacunes, dont une mauvaise utilisation des données forestières, des interventions peu adaptées à l’hétérogénéité des peuplements, des performances de traitements souvent mitigées (simplification des structures, morcellement des peuplements, régénération insuffisante en espèces semi-tolérantes, etc.) et des systèmes de contrôle lourds, coûteux et inappropriés. Face à cette situation, le diagnostic sylvicole, selon une démarche de résolution de problèmes structurée, objective et rigoureuse, apparaît comme une solution prometteuse.

Prescriptions et diagnostics sylvicoles. CERFO. Rapport 2010-19. 27 p. + 3 annexes.

Aujourd’hui, la régénération de pins blancs (PIB) et de chênes rouges (CHR) est souvent absente ou déficiente dans plusieurs peuplements de l’ouest du Québec. La raréfaction des ces essences est devenue un enjeu de biodiversité qu’il faut considérer dans le cadre d’interventions sylvicoles

Ce projet a été réalisé à la Forêt Paul-Gérard Lajoie localisée à l’intérieur des limites des municipalités de Bouchette et de Gracefield, dans le sous-domaine de l’érablière à tilleul de l’ouest. Il consiste à réaliser les diagnostics et les prescriptions sylvicoles sur 59 ha de cette forêt.

Les objectifs sont :

1) Évaluer l’efficacité de certaines modalités dans le cadre de traitements sylvicoles pour régénérer des essences désirées semi-tolérantes ou intolérantes à l’ombre, notamment le chêne rouge (CHR) et le pin blanc (PIB) en forêt feuillue de structure irrégulière ;

2) Suivre les effets réels (régénération et bois sur pied) des différentes modalités de la coupe progressive irrégulière (CPI) ;

3) Déterminer les modalités pour restaurer la présence de chêne rouge (CHR) et de pin blanc (PIB) dans un procédé de régénération par CPI et optimiser l’utilisation de ce procédé ;

4) Fournir un exemple local pour la justification de l’adoption d’une telle stratégie dans la planification de l’aménagement.

Dans le cadre de ce projet, des inventaires terrain et une photo-interprétation fine ont été réalisés afin de préciser les paramètres décisionnels et être en mesure d’effectuer des regroupements homogènes de peuplements. Huit secteurs homogènes ont ainsi été définis. La méthode de diagnostic sylvicole (OIFQ, 2009) a été appliquée pour sept de ces regroupements (secteur RC38 exclu) dans le but de réaliser les prescriptions sylvicoles.

Une CPI, comprenant des modalités différentes adaptées aux exigences des sites (drainage, type écologique, pente) et des essences cibles (exigences de régénération, de croissance, longévité) pour les sept secteurs a été prescrite.

Avant la réalisation des travaux de martelage et de récolte, une étape préalable de formation du personnel terrain sera nécessaire. Pendant la réalisation des ces activités, un encadrement sur le terrain devrait également être disponible. Enfin, un suivi des interventions est recommandé afin d’obtenir le portrait du peuplement immédiatement après la récolte qui sera utilisé comme base de comparaison pour les suivis à plus long terme. Ceux-ci viseraient à qualifier l’efficacité des interventions pour régénérer et favoriser la croissance des essences ciblées.

Guide de terrain – Méthode d’inventaire par points d’observation et de prescription sylvicole des coupes à rétention variable au Québec

Ce guide est destiné aux aménagistes forestiers et à ceux qui procèdent aux inventaires sur le  terrain en vue d’établir des prescriptions sylvicoles. Il renferme toute l’information requise pour recueillir les données selon la méthode d’inventaire par points d’observation, déterminer l’aptitude des peuplements a la CPPTM et prescrire les traitements appropriés.

Méthode de diagnostic et prescription sylvicole en forêt boréale. CERFO. Rapport 2007-05. 73 p.

La prise de conscience de la diversité structurale des peuplements de la forêt boréale entraîne progressivement une volonté de la gérer par une diversification de la sylviculture, notamment par l’utilisation d’une rétention variable dans les procédés de régénération par coupes à blanc. Dans ce contexte, une méthode innovatrice et peu coûteuse a été proposée sur la Côte-Nord pour simplifier et améliorer le processus de prescription (Duval, 2005). À la suite d’une photo-interprétation fine, par un nombre accru de points d’observation et par des évaluations qualitatives de paramètres décisionnels, la prescription sylvicole est effectuée directement sur le terrain.

Le projet proposait de mesurer la fiabilité des résultats de la prise de données effectuée par différents observateurs sur la méthode développée et de poursuivre la diffusion de cette méthode par la formation d’observateurs et l’installation de 3 sites de formation dans trois régions différentes.

Les sites au Lac-St-Jean n’étant pas accessibles en hiver, et ceux au Saguenay n’ayant pas les caractéristiques recherchées, seul un site sur la Côte-Nord (Manic 5) a été retenu. Trentehuit personnes ont assisté à une formation théorique sur la méthode tandis que 27 observateurs provenant du Saguenay, du Lac-St-Jean et en majorité de la Côte-Nord ont réalisé la prise de données avec cette méthode.

Une relation raisonnable a été constatée entre l’obstruction visuelle et le nombre de gaules, entre l’obstruction visuelle et l’aptitude à la CPPTM et entre le nombre de gaules et l’aptitude à la CPPTM. De plus, le niveau d’accord observé entre les observateurs est raisonnable pour les critères d’obstruction visuelle, du nombre de PTM (petites tiges marchandes) et du nombre de gaules ainsi que pour l’aptitude à la CPPTM.

Selon les différents critères obligatoires observés, les observateurs ont eu la même appréciation (1 seule classe) dans seulement 0 à 20 % des points d’observation et une appréciation similaire, i.e. deux classes adjacentes, dans 55 à 75 % des points d’observation. Cependant plus de 70 % des observations dont l’appréciation est similaire tendent vers une seule classe.

À la lumière des résultats obtenus, il est possible de conclure que la méthode par points d’observation est fiable pour prescrire adéquatement un traitement de CPPTM mais nécessite certains ajustements afin d’augmenter le niveau de convergence des résultats obtenus. Une méthodologie d’évaluation qualitative des gaules et des PTM doit être élaborée et les seuils d’aptitude à la CPPTM doivent être mieux définis. Il est recommandé d’ajouter le critère du % de cime des PTM comme critère obligatoire et la faisabilité opérationnelle comme critère optionnel. De plus, l’élaboration d’un guide terrain permettra de former adéquatement les utilisateurs de cette méthode.