Déploiement de pratiques sylvicoles adaptées dans les UAF 42-51 et 43-52. CERFO. Rapport 2012-17. 114 pages + 9 annexes et un CD.

Dans la région de la Mauricie, la régénération des espèces semi-tolérantes (BOJ, PIB, etc.) ainsi que de l’épinette rouge s’avère difficile et la possibilité en bois d’oeuvre de ces espèces ainsi que la biodiversité deviennent compromises. L’une des causes possibles serait les procédés de régénération utilisés. Traditionnellement, les options étaient dichotomiques: d’une part, le régime de la futaie régulière qui demeure risqué pour favoriser la régénération désirée et contrôler la régénération, d’autre part le régime de la futaie jardinée, qui est peu approprié pour régénérer abondamment les espèces semi-tolérantes. Or, dans la continuité de la Commission Coulombe, Forêt Québec et le Bureau du forestier en chef proposent maintenant un virage important en ajoutant l’option de la futaie irrégulière. En Mauricie, plusieurs dispositifs expérimentaux et essais sylvicoles ont été réalisés afin d’explorer différentes traitements et patrons dans ce régime. Parmi ces solutions, l’ESIP est apparue avec des objectifs de récolte clairs, mais des objectifs sylvicoles particulièrement confus. Les modalités sont simplistes, incomplètes pour la régénération et l’éducation du peuplement et les critères de performance complètement inadaptés par rapport aux objectifs de biodiversité retenus par la région. Les objectifs sylvicoles de l’ESIP ne permettent pas d’atteindre les objectifs du développement durable puisque ce traitement est principalement axé sur la récolte.

L’une des avenues les plus prometteuses, sans être la panacée est la coupe progressive irrégulière. Instaurée en Mauricie, dans la forêt mixte à bouleau jaune et dans les érablières, par CCPL en collaboration avec le MRNF et le CERFO, elle présente une souplesse d’exécution permettant de mieux répondre aux divers enjeux régionaux tels la régénération des espèces désirées, la limitation de la colonisation des espèces non désirées et l’optimisation de la croissance des tiges d’avenir. L’équilibre entre la récolte actuelle en bois d’œuvre et la production de bois d’œuvre futur devient possible. Convaincue par les succès obtenus, notamment au Lac Turcotte, la compagnie CCPL a exprimé le besoin d’explorer à grande échelle l’application de ce régime sylvicole dans une grande variété de situations. Les défis étaient de taille, tant conceptuels, opérationnels qu’humains.

Ce projet vise à permettre aux intervenants forestiers de la Mauricie de développer leur capacité à déployer une sylviculture qui soit davantage diversifiée, structurée et plus performante face aux engagements de développement durable du gouvernement du Québec (enjeux de biodiversité et de production). Plus spécifiquement, le projet explore différentes options sylvicoles non traditionnelles, inspirées des récents résultats de recherche, permettant de traiter plusieurs hectares qui seraient difficilement traitable actuellement. De plus, il expérimente en profondeur de nouveaux outils disponibles d’aide à la décision à l’étape du diagnostic sylvicole, tels la photo-interprétation fine et l’évaluation économique. La méthode de résolution de problèmes sert de démarche scientifique et l’approche d’ingénierie de processus est utilisée pour la conduite des peuplements.

Dans les UAFs 42-51 et 43-52, les prescriptions sylvicoles ont été préparées sur une superficie de 3 736 ha. Afin de faciliter la démarche de diagnostic sylvicole, des logigrammes ont été conçus et appliqués aux secteurs retenus. Ces outils d’aide à la décision décrits dans le présent rapport et élaborés à l’aide des données cartographiques bonifiées sont des clés décisionnelles qui permettent de dégrossir rapidement les familles de traitements (famille de la futaie régulière, ou de la futaie irrégulière ou jardinée) et de prioriser en premier lieu le choix de régime. Dans un deuxième temps, une démarche par résolution de problème en 6 étapes est appliquée: les données d’inventaire permettent alors de compléter et préciser le diagnostic et la prescription alors que les visites sur le terrain permettent de confirmer les modalités d’intervention et les agglomérations opérationnelles des traitements par chantier. Dans le cadre de ce projet, les marteleurs et les travailleurs forestiers ont été encadrés sur le terrain afin de s’assurer de leur compréhension et de la bonne mise en application des modalités lors du martelage et de la récolte. Cet encadrement est également obligatoire en vue de maintenir les standards de qualité élevés et d’atteindre les objectifs de conformité et de rentabilité. Enfin, dans un contexte économique difficile, cette nouvelle démarche permet d’atteindre les objectifs sylvicoles visant à installer une régénération en essences désirées, optimiser la croissance des tiges résiduelles et permettre un approvisionnement rentable.

Quelques secteurs ont présenté de grands succès : on pensera au secteur Bergeron qui a permis une récolte de 85 m3 /ha et près de 40% en bois d’œuvre, même avec les difficultés de marché pour l’érable. Mais le succès réside également dans l’établissement d’une conduite de peuplement pour optimiser la croissance, grâce à l’espacement optimal des tiges et le maintien d’un couvert protecteur pour contrôler l’envahissement de la compétition. Suite au scarifiage prévu cet année, ce secteur constituera un excellent exemple pour démontrer qu’il est possible d’intensifier la pratique sylvicole en utilisant la régénération naturelle et en maintenant, lorsque possible, l’esthétisme du paysage.

D’autres secteurs se sont avérés problématiques, particulièrement lorsqu’on retrouvait des peuplements JIN. Prévu dans les logigrammes comme pouvant ne pas être traités, les bénéficiaires avaient convenus de les inclure dans la récolte pour augmenter le nombre de m3/km de chemin. Malheureusement, l’abondance des petites tiges présentes a engendré plusieurs difficultés : coûts d’opération élevés, difficulté de mise en marché, martelage fastidieux et irréaliste et même un certain découragement des exploitants. Sans marché, l’intégration de ce type de peuplement est difficile. S’il est tout de même décidé de l’exploiter, l’option sans marteleur devrait être explorée.

Outre les différents résultats, le rapport présente des discussions et des recommandations validées collégialement lors de journées de travail. Y sont abordés les thèmes suivants: filtres, démarche diagnostique, modalités par patron de CPI, impacts du traitement, processus d’agglomération et chantier, traitements des jeunes peuplements (JIN, JIR), visite terrain pour validation, formation et suivis ainsi que le processus de déploiement en lui-même.

Quelques obstacles importants demeurent pour finaliser le transfert technologique des innovations et les actions suivantes sont proposées:

  • De poursuivre le travail de sensibilisation face aux exigences de l’OIFQ et de l’AFD pour construire des prescriptions par options et argumentation.
  • D’adopter les approches par chantier en planification et en sylviculture.
  • De poursuivre le développement des habiletés des officiers du MRNF à prescrire dans le nouveau contexte de l’AFD par un atelier en situation réelle de travail.
  • De favoriser le travail en collégialité entre professionnels, lors des exercices de planification
  • D’établir des cibles précises de production par UAF.
  • De poursuivre les recherches sur la régénération dans la Haute-Mauricie pour préciser les superficies où les risques d’envahissement sont majeurs et les superficies où ils sont mineurs.

Actuellement, la sensibilisation aux enjeux de biodiversité et de production, à la gestion du risque, à la démarche de résolution de problème et à une approche moins subjective et plus scientifique de la sylviculture doit être maintenue. Les difficultés économiques et de mise en marché actuel ainsi que le changement de régime demanderont plus d’imagination, de souplesse et de créativité. Le travail en collégialité et l’adoption de méthodes structurées mais souple sont certainement des pistes de solutions.

Bonification de la stratégie d’aménagement forestier de la station de Duchesnay. CERFO. Rapport 2011-02. 118 p. + 10 annexes.

Lors du dernier exercice de calcul de la possibilité forestière, le territoire de la station forestière de Duchesnay a fait l’objet d’une baisse importante de volumes de bois pouvant y être récoltés. Par ailleurs, on observe sur le territoire une problématique liée à l’envahissement du hêtre au niveau de la régénération, au détriment de l’érable à sucre et du bouleau jaune, menaçant ainsi l’orientation des strates de retour utilisées dans le calcul de la possibilité. Dans ce contexte, le présent projet visait à identifier des pistes de solutions pouvant permettre d’améliorer la possibilité forestière et les problématiques qui lui sont associées. Les principaux objectifs du projet étaient de bonifier le portrait en procédant à une cartographie plus précise à partir d’une photo-interprétation fine, de proposer des familles de traitements sylvicoles à partir de ces informations et d’évaluer diverses avenues potentielles pour bonifier la stratégie d’aménagement pour augmenter la valeur de la forêt.

Concrètement, les chapitres du présent travail présentent successivement la synthèse écologique du territoire, issue de photo-interprétation fine (portrait forestier, potentiels forestiers et contraintes opérationnelles) comparativement à la carte calcul; les logigrammes de classement décisionnels de groupes de production prioritaire modifiés, de régimes et de traitements appliqués au territoire; la comparaison des écarts avec la stratégie actuelle et les traitements proposés; les modalités génériques pour les traitements proposés; des rendements théoriques pour les diverses productions; une discussion des pistes de solutions; et finalement, plusieurs recommandations.

Le présent projet a démontré que la photo-interprétation fine du territoire et l’application de clés décisionnelles permettent d’améliorer les connaissances écologiques du territoire, d’effectuer de meilleurs choix de production et de proposer des traitements mieux adaptés, à court terme, aux peuplements forestiers. On constate notamment une augmentation de détection de peuplements avec une composante importante de hêtre à grandes feuilles et une plus grande utilisation du régime de la futaie irrégulière.

Ceci étant dit, un calcul de possibilité procédant par analyse comparative de différents scénarios d’aménagement permettrait d’optimiser le dosage des différentes solutions dans le temps et éventuellement d’identifier les meilleures opportunités. Des essais de traitements du régime de la futaie irrégulière devraient être réalisés ainsi que l’intensification des pratiques sylvicoles.

Synthèse écologique pour la forêt privée de l’Estrie, un préalable indispensable à la réalisation d’un guide sylvicole – Rapport final

À l’heure actuelle, les aménagistes manquent de connaissances sur la localisation des sites fragiles et des sites à hauts potentiels forestiers, la dynamique végétale, ainsi que les rendements forestiers. La construction d’un cadre écologique forestier constitue l’un des moyens permettant d’améliorer la connaissance du territoire. Ainsi, un cadre écologique forestier correspondant à une synthèse écologique de diverses données comme les dépôts de surface, la pente, l’humidité du sol, le type écologique, etc. a été construit pour le territoire de la région administrative de l’Estrie. Les informations utilisées pour construire un tel cadre proviennent des rapports de classification du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, de la carte écoforestière du 3e inventaire décennal du MRNF, de la carte écoforestière bonifiée réalisée par Domtar pour ses terrains forestiers privés et de la carte pédologique des séries de sol du MAPAQ.

Un tel cadre écologique forestier représente un outil permettant d’optimiser la planification forestière et les coûts des interventions en milieu forestier, ainsi que de minimiser les impacts environnementaux, en :

– localisant les secteurs présentant des contraintes de traficabilité (en fonction de la pente, de la solidité et de la rugosité du sol);

– localisant les sites fragiles (sols minces présentant des risques de décapage, pentes fortes et sites à seepage présentant des risques d’érosion, sols humides présentant des risques d’orniérage et de remontée de la nappe phréatique);

– localisant les secteurs à haut potentiel forestier, qui représentent les sites à favoriser pour l’aménagement intensif, puisque les retours sur les investissements devraient y être les meilleurs;

– proposant des mesures pour un plan de protection des secteurs fragiles.

Ce cadre écologique forestier est représenté sous deux formats : une carte synthèse couvrant tout le territoire d’étude et des sères physiographiques, qui constituent un outil synthétique décrivant les différentes stations forestières retenues.

Cette étude se veut également une amorce à la réalisation d’un guide sylvicole, qui représente une synthèse des données écologiques, dendrométriques et sylvicoles d’un territoire donné, dans le but d’aider les utilisateurs de la forêt à incorporer la dimension écologique au processus de planification forestière et au diagnostic sylvicole.