Effets des coupes progressives irrégulières sur la régénération du bouleau jaune et l’utilisation par le lièvre d’Amérique

Dans la région du Témiscamingue, comme dans d’autres régions feuillues du Québec, on assiste à des déficiences de la régénération pour plusieurs espèces semi-tolérantes comme le bouleau jaune (Betula alleghaniensis). Dans un contexte d’aménagement forestier durable, la coupe progressive irrégulière (CPI) est proposée pour contribuer à incorporer davantage toute la complexité et l’irrégularité des forêts naturelles. L’objectif principal du projet est de documenter l’effet de trois types de CPI (par trouées, par lisières et en plein) sur l’installation et la survie de la régénération ainsi que leurs impacts sur l’utilisation de l’habitat par le lièvre d’Amérique (Lepus americanus). Cette étude permettra aux aménagistes des ressources naturelles ainsi qu’aux participants des Tables de Gestion Intégrée des Ressources et du Territoire TGIRT, de mieux évaluer l’effet à court terme des coupes progressives irrégulières sur ces espèces dans les forêts mixtes et feuillues. Elle vise ainsi à contribuer à l’évaluation des impacts des Plans d’aménagement forestier intégrés (PAFI) sur les habitats fauniques.

Pauline Suffice, étudiante à la maîtrise en Biologie à l’UQAT sous la direction de Louis Imbeau, professeur à l’UQAT et de Gilles Joanisse, chargé de projet au CERFO, a présenté une affiche au 7e colloque annuel du centre d’étude de la forêt (CEF) à Montebello

Essais de différentes méthodes de préparation de terrain favorisant la régénération du bouleau jaune et de l’épinette blanche – État de la régénération, trois ans après les travaux. CERFO et GFBC. Rapport 2010-04. 66 p. + 4 annexes.

En Gaspésie, la régénération rapide en bouleau jaune et en épinette blanche s’avère difficile. Afin de garantir le succès du retour de ces espèces, des coupes de régénération adéquates doivent être appliquées et des méthodes efficaces de scarifiage doivent être retenues pour favoriser la régénération de ces deux espèces. Un dispositif expérimental, installé à l’automne 2006, explore cinq méthodes différentes de préparation de terrain, soit la création de poquets simples, de poquets doubles, de sillons, de buttes et le déblaiement en plein avec peigne ainsi qu’un témoin. La première étape consiste à évaluer la productivité des méthodes et leur acceptabilité économique, le pourcentage de superficie perturbée et la qualification des microsites. La deuxième étape consiste à évaluer, un an après les travaux, l’établissement du bouleau jaune et de l’épinette blanche en fonction des divers traitements réalisés. Finalement, la troisième étape consiste à effectuer un suivi trois ans après les travaux de scarifiage, afin d’évaluer le taux de survie et le rendement du bouleau jaune et de l’épinette blanche et l’agressivité de la compétition.

La préparation de terrain par le déblaiement en plein a été celle où la superficie perturbée a été la plus importante. Cependant, cette éventualité était possible quand les facteurs terrain (pente, végétation préétablie, épaisseur du sol) ne contraignaient pas le déplacement de la machine. Ce type de scarifiage a été efficace pour la création de lits de germination favorables à la germination, minimisant ainsi les décapages trop sévères. La création de poquets simples est le traitement le plus productif en termes de temps, mais tout comme les poquets doubles et les buttes, il risque de créer des lits de germination infertiles. La création de poquets est la méthode la plus efficace pour traiter les pentes fortes et pour protéger la régénération préétablie. Les buttes diminuent beaucoup l’efficacité de production de la pelle et les sillons, quoique très productifs, ne perturbent pas une surface importante mais toutefois suffisante.

Après 3 ans, aucune différence significative ne fut remarquée entre les traitements, concernant le taux de survie, le rendement en croissance et la compétition interspécifique de la régénération des différentes essences. Cependant, les traitements de scarifiage apportent des résultats significatifs quant à la régénération du bouleau jaune par rapport au témoin. Afin de définir un seuil convenable pouvant gérer les risques de la non-plasticité des semis de bouleaux jaunes, le coefficient de distribution a été évalué sur de très petites placettes de 1 m². Puisque l’objectif est la régénération rapide d’une seule cohorte, il est important de vérifier l’uniformité de la régénération avec une unité de base très petite afin de s’assurer d’atteindre les objectifs de plein boisement. Sur cette base, le succès d’établissement obtenu pour le bouleau jaune se chiffre avec un coefficient de distribution supérieur à 70 % (avec plus de 7 000 tiges à l’hectare). Ce succès serait en lien direct avec un substrat minéral ou mélangé, créé par le scarifiage. Le taux de survie après trois ans est de 62 % pour 4 600 semis/ha uniformément distribués au m². Le taux de survie dans les secteurs scarifiés est de 14 % supérieur au témoin mais ce résultat ne représente pas une différence significative.

Les résultats du scarifiage sont plus mitigés pour l’épinette blanche qui obtient un coefficient supérieur à 20 % pour l’établissement, ce qui demeure tout de même un coefficient quatre fois plus élevé que le témoin. Le taux de survie après trois ans n’est que de 41 % dans les secteurs scarifiés, ce qui est 8 % supérieur aux témoins. Avec 800 tiges/ha réparties uniformément au m², l’épinette blanche devrait maintenir une présence équivalente au peuplement précédant. Bien que les résultats de régénération des secteurs scarifiés soient supérieurs aux témoins, ces derniers ne sont pas significativement différents.

Le scarifiage n’a pas eu d’effet significatif sur la régénération du sapin baumier, du bouleau à papier et de l’érable rouge. Le déblaiement en plein a par contre eu un effet négatif sur le coefficient de distribution de l’érable à sucre. Le scarifiage a significativement influencé la présence du framboisier. La présence de l’érable à épis est très forte dans chacun des traitements incluant le témoin, de sorte que 96 % des bouleaux jaunes sont opprimés. Concernant le broutage, celui-ci semble aléatoire malgré le fait qu’une faible tendance démontre que la présence de broutage est en hausse quand la densité de bouleau jaune augmente.

En résumé, cette étude démontre que la régénération du bouleau jaune est très dense trois ans après la préparation de terrain avec plus de 65 0000 semis à l’hectare, mais le coefficient de distribution est inférieur à 50 % en considérant la présence d’une tige à tous les mètres carrés. De plus, la compétition pourrait fortement limiter sa croissance et sa survie à plus long terme sans intervention supplémentaire.

Essais de différentes méthodes de préparation de terrain favorisant la régénération du bouleau jaune et de l’épinette blanche – Phase 1 – Exécution des travaux. CERFO. Rapport 2007-07. 55 p.

Le projet cherche à définir, dans un contexte de coupe de régénération dans les peuplements mixtes de la Baie-des-Chaleurs (BJR et RBJ), les modalités les plus efficaces de préparation de terrain en terme de coûts/bénéfices favorisant la germination, l’établissement et la croissance de semis de bouleau jaune et d’épinette blanche.

Aux fins de comparaison, le choix des méthodes de préparation de terrain s’est basé sur différents projets réalisés au Québec, et ce, tout en respectant l’éventail des possibilités offertes pour la région de la Gaspésie. La préparation était en sous-couvert de peuplement traité par coupes progressives d’ensemencement et de coupe avec réserve de semencier. Il s’agit d’un plan d’expérience à 4 blocs complets aléatoires constitué de six traitements de préparation de terrain : par poquets simples, par poquets doubles, par sillons, par déblaiement des déchets, par buttes et un témoin sans intervention.

La préparation de terrain par le déblaiement en plein a été celle où la superficie perturbée a été la plus importante, tout en maximisant les lits de germination de qualité et en minimisant les décapages trop sévères. Ce traitement atteint son plein potentiel en condition de pente faible à modérée. La création de poquet simple est le traitement le plus productif en terme de temps, mais tout comme les poquets doubles, elle risque de créer des lits de germination infertiles. La création de poquet soit simple ou double est la plus efficace pour traiter les pentes fortes et pour protéger la régénération pré-établie. Les buttes diminuent de beaucoup l’efficacité de production de la pelle et les sillons, quoique très productifs, ne perturbent pas une surface importante.

Ce sont les suivis 1 et 3 ans après les travaux qui démontreront le potentiel de chacun des traitements à établir une quantité de semis et qui permettront d’identifier le taux de survie des semis par rapport aux différents traitements. Essais de différentes méthodes de préparation de terra

Étude sur les traitements sylvicoles favorisant la régénération du bouleau jaune à la Station forestière de Duchesnay (Part 2001A057). CERFO. Rapport 2002-14. 104 p.

En forêt feuillue, plusieurs interventions sylvicoles peuvent être mises en pratique pour améliorer les rendements et atteindre les nouveaux objectifs que l’actuelle sylviculture de compromis ne permet pas d’atteindre, surtout dans les forêt dégradées. Des essais effectués par M. Pierre Ricard, professeur au Cégep de Sainte-Foy, dans les bandes résiduelles à Duchesnay, ont présenté une régénération abondante de bouleau jaune sous couvert (plus d’un million de tiges à l’hectare) suite à l’élimination des gaules et à un scarifiage. Ces essais démontrent la pertinence d’explorer cette avenue.

Par ailleurs, la coupe progressive est bien documentée dans la littérature, en ce qui concerne ce type de peuplement. Toutefois, sur les sites riches du domaine bioclimatique de l’érablière à bouleau jaune, la présence de régénération préétablie et de gaules d’essences moins désirées et envahissantes comme le hêtre constituent un obstacle majeur à l’installation d’une régénération en essences désirées de grande valeur. Ainsi, les modalités d’application de la coupe d’ensemencement, en ce qui concerne l’élimination des gaules nuisibles et le scarifiage restent encore à développer.

Comparaison de différents traitements sylvicoles pour l’installation de la régénération en bouleau jaune dans des peuplements mixtes à dominance feuillue – Suivi 2001. CERFO. Rapport 2002-15. 72 p. + 1 annexe

En Gaspésie, dans le sous-domaine de la sapinière à bouleau jaune de l’est, la régénération en bouleau jaune (Betula alleghaniensis) et en feuillus tolérants s’avère difficile. L’une des causes possibles expliquant ce fait serait les méthodes de coupe utilisées. De plus, l’agressivité des essences non désirées, comme l’érable à épis (Acer spicatum), diminuerait les résultats escomptés. L’actuel projet, débuté en 1999, se donne ainsi le mandat de trouver une solution à cette problématique régionale de régénération du bouleau jaune et de contrôle de l’érable à épis.

Pour ce faire, différents traitements ont été réalisés dans des peuplements mixtes à dominance feuillue de bouleau jaune, à savoir le jardinage par pied d’arbre, le jardinage par trouées de 500, 1000 et 1500 m2, la coupe par parquets de 0,5 et 1 ha, la coupe progressive basée sur le prélèvement de différents pourcentages du couvert arborescent (40, 50 et 60 %), la coupe avec réserve de semenciers de différentes densités (0, 10-15, 20-30 et 40-50 semenciers) et des essais d’ensemencement artificiel manuel.

À l’automne 2001, un inventaire de régénération dans les secteurs mentionnés à été réalisé. De façon générale, nos résultats démontrent qu’un plus grand nombre de semis est retrouvé lorsqu’une conservation du couvert arborescent d’environ 50% est alliée à une mise à nu du sol minéral. Ces conditions amènent également une diminution significative de la compétition. En ce sens, la coupe préservant entre 40 et 50 semenciers de même que les coupes progressives prélevant entre 40 et 60% du couvert forestier, alliées à une scarification importante du sol (poquets), sont celles qui devraient permettre d’optimiser l’ensemencement en bouleau jaune.

Quant à l’ensemencement artificiel, il permettrait de pallier une déficience de semenciers en améliorant significativement la distribution des semis sur le parterre de coupe. La création de microsites adéquat est toutefois nécessaire pour assurer le succès des opérations.

Bien qu’il soit encore tôt pour statuer du succès de la régénération en bouleau dans les dispositifs installés depuis 1999, des pistes intéressantes ont été amenées quant aux conditions de réussite de l’ensemencement en cette espèce.